18 janvier 2008
5
18
/01
/janvier
/2008
12:10
En 2005, si vous habitez la Basse-Terre, vous avez sûrement remarqué des vols de papillons noirs et vert bleuté. Quelle est donc cette espèce ? Depuis quand est-elle en Guadeloupe ? Est-elle apportée par les vents lors des cyclones ? Que mange-t-elle ? Quelle est la dynamique de sa population ? Pourquoi tant de haine ?
Autant de questions sur lesquelles nos meilleurs limiers ont planché, l’affaire étant d’importance. Interpol a même été mis sur le coup, car de semblables volatiles sont observés sur le continent sud-américain (en Guyane, ils sont appelés 'Chinois'), à Trinidad, et plus rarement dans les petites Antilles.
Grâce à une organisation du travail quasiment stakhanoviste, nous sommes maintenant en mesure d’apporter quelques modestes réponses au citoyen curieux des choses de la nature.
Identité ?
Ce fut le point le plus facile à établir. Urania leilus. De la famille des Uranidae (on s’en serait douté). Cette famille fait partie des papillons de nuit, autrement dit des hétérocères (un peu d’étymologie ne fera de mal à personne : hétéro=différent, cère=antenne, dans ce groupe des papillons de nuit, on observe de nombreux types d'antennes différentes). Mais curieusement, le genre Urania a des moeurs plutôt diurnes.
Date d’arrivée sur le territoire ?
Là ça se corse un peu, car on travaille sans filet, à dires d’experts et de quidams. Mais en recoupant les témoignages, une chose est sûre, la présence d’Urania en Guadeloupe ne date pas d’hier. Les citations les plus anciennes remontent aux années 70 sur le site de Valombreuse, où il aurait été aperçu assez régulièrement depuis cette époque, en quantités variables. Mais pas de pullulations telles qu’en 2005. Des habitants de la zone Goyave-Capesterre rapportent des vols importants, au moins en 1998 et 2001. Ca se précise. A ce stade, on ne sait pas encore si Urania vient passer ses vacances en Guadeloupe occasionnellement, où si c’est un travailleur immigré, qui a pris ses quartiers permanents. En tout état de cause, le Ministère de l’Intérieur a été informé, et planche actuellement sur un prototype de charter miniature pour reconduite à la frontière.
A l'heure où je vous parle (début 2008, j'ai un peu laissé refroidir cet article), les choses ont changé, c'est quasiment comme si Urania avait ses papiers : il est maintenant observé chaque année en quantité. Malgré toutes ces précisions, difficile de dire si l'espèce est présente en très faibles quantités depuis la nuit des temps, où d'introduction plus récente. Nous n'avons pour l'instant pas d'éléments pour dire s'il s'agit ou non d'une émigration liée aux activité humaines. Où en d'autres termes s'il s'agit d'une espèce exotique envahissante.
A l'heure où je vous parle (début 2008, j'ai un peu laissé refroidir cet article), les choses ont changé, c'est quasiment comme si Urania avait ses papiers : il est maintenant observé chaque année en quantité. Malgré toutes ces précisions, difficile de dire si l'espèce est présente en très faibles quantités depuis la nuit des temps, où d'introduction plus récente. Nous n'avons pour l'instant pas d'éléments pour dire s'il s'agit ou non d'une émigration liée aux activité humaines. Où en d'autres termes s'il s'agit d'une espèce exotique envahissante.
Régime alimentaire ?
Alors là, ça a été dur. On avait beau observer les bêtes adultes (appelés aussi imagos, ne me demandez pas la racine latine, je n’en ai aucune idée) au bord des routes, dans le lit des rivières, dans les jardins, pas trace de chenilles suspectes. Les adultes fréquentaient souvent des établissements tels qu’arbres florifères, probablement pour se nourrir de nectar (citons le Pois doux Inga sp. …). Il a fallu toute la ténacité de notre ami et néanmoins éminent entomologiste, Gérard Chovet pour découvrir le pot-aux-roses, ou plutôt la Liane-papaye (Omphalea diandra, une Euphorbiacée), dont se gavent sans vergogne les chenilles d’Urania. En consultant la base de données issues de la Flore de Jacques Fournet, je vois que le statut indiqué pour cette espèce est 'rare', et qu'elle est présente en Guadeloupe (hors dépendances) et Martinique (voir fiche). En creusant un peu, j'apprends qu'elle habite plutôt dans les coins humides, les fonds de vallée, les ripisylves, et qu'elle serait très rare en Martinique. Tout celà pose plus de questions que ça n'en résout. Si la plante-hôte est rare, comment fait-elle pour nourrir toutes ces chenilles ? Y aurait-il une plante-hôte secondaire inconnue ? Le schmibilibilik est-il vert ? J'ai pu interviewer Daniel Marival (espèce rare : à la fois entomologiste et botaniste), il estime que cette Liane-papaye n'est pas ou plus si rare que ça en Guadeloupe, il l'observe fréquemment en différentes localités des communes de Petit-Bourg, Lamentin, Goyave, et rapporte qu'on lui a signalée à Sainte-Rose. Les lianes poussent sur les arbres, et les graines sont disséminées, ou germent au pied des arbres.
Impacts sur les milieux ?
Impact esthétique certain (à condition d'aimer les couleurs fluo, et les papillons écrasés sur le pare-brise).
Impact agronomique nul, ce n'est pas un ravageur des cultures (pour l'instant, il ne veut rien manger d'autre que la liane-papaye).
Et impact sur les milieux naturels me direz-vous ? Difficile à dire, il faudrait aprofondir un peu ses relations avec la plante-hôte, et mieux connaître la répartition et l'abondance de cette dernière.
C'est ça qui est énervant, rien n'est simple.
Impacts sur les milieux ?
Impact esthétique certain (à condition d'aimer les couleurs fluo, et les papillons écrasés sur le pare-brise).
Impact agronomique nul, ce n'est pas un ravageur des cultures (pour l'instant, il ne veut rien manger d'autre que la liane-papaye).
Et impact sur les milieux naturels me direz-vous ? Difficile à dire, il faudrait aprofondir un peu ses relations avec la plante-hôte, et mieux connaître la répartition et l'abondance de cette dernière.
C'est ça qui est énervant, rien n'est simple.