Qui pourrait se cacher derrière ce tas de cailloux, poétiquement appelé cairn ?
Nous faisions état il y a quelques mois d'animaux extraodinaires rencontrés à Petite Terre : les Scinques. Pour un rafraîchissement de mémoire, voir là.
Non seulement ces lézards sont très rares et n'avaient pas été vus entre 1998 et 2011 sur l'île, mais par dessus le marché, un certain Blair Hedge vient de faire une révision de la systématique de ce groupe aux Antilles.
Comme bien souvent quand les taxonomistes s'en mêlent, ça a mis la pagaille dans les connaissances. Et du coup, le statut de cette petite bête a changé du jour au lendemain. Auparavant, elle appartenait à l'espèce Mabuya mabouya, répartie de Grenade à Anguile. Depuis la révision en question, les jolis petits lézards dorés de Petite Terre sont rattachés à une nouvelle espèce : Mabuya desiradae, présente, je vous le donne en mille, à la Désirade et à Petite Terre. Ce qui fait peu, non pas en terme qualitatif, ces îles étant merveilleuses, mais il faut bien le reconnaître guère plus grosses qu'un mouchoir de poche.
On peut donc dire sans crainte de trop se tromper que cette espèce n'est pas très loin de l'extinction, compte tenu de sa minuscule aire de répartition, et de la taille de sa population. Pas facile de croiser des scinques dans le secteur.
Je n'en dis pas tellement plus, si ce n'est que, cerise sur le gâteau, il existe peut-être aussi une autre espèce ultra-rare et localisée à... l'îlet à Cochons : Mabuya cochonensis (ce n'est pas une blague).
Tout ceci est précisé par le menu dans le rapport AEVA n°35 qui vient tout juste de sortir des presses, vous n'avez qu'à clicquer ici bande de veinards. Nous l'avons pompeusement intitulé "Les dernières populations de Scinques dans les Antilles françaises : état des connaissances et propositions d'actions" . On peut dire que j'ai usé quelques unes de mes plumes de Toto-Bois pour trouver un titre aussi alléchant.
Dans ce document, nous expliquons toutes ces histoires un peu fastidieuses, mais ô combien importantes, de nomenclature et répartition historique des espèces dans nos chapelets d'îles. Nous dressons également les grandes lignes d'un projet que nous nous sommes mis en tête de réaliser, pour essayer d'en savoir plus.
Référence bibliographique
Hedges, B. & Conn, C.E. (2012). — A new skink fauna from Caribbean islands (Squamata, Mabuyidae, Mabuyinae). Zootaxa, 3288 : 1-244.