28 février 2025 5 28 /02 /février /2025 09:21
Baleine à bosse au large de Petite Terre. Crédit photo OMMAG

Baleine à bosse au large de Petite Terre. Crédit photo OMMAG

Jean-Christophe Bouvier, précédent préfet de la Martinique autorise des tests sismiques potentiellement néfastes en pleine période de mise bas des baleines. Les associations saisissent le tribunal pour faire respecter la protection des Cétacés et du milieu marin.

Le 13 janvier, le préfet de la Martinique a édicté un arrêté qui autorise une mission océanographique de l’Ifremer dans les eaux des Petites Antilles. Cette mission de recherche fondamentale  doit se dérouler sur le navire L’Atalante entre le 1er mars et le 20 avril, c’est-à-dire en plein pic de migration, de reproduction et de mise bas des Baleines à bosse et des Cachalots, qui sont deux espèces considérées comme menacées par l’UICN (Union internationale de Conservation de la Nature).

 

Les méthodes utilisées sont reconnues pour être dangereuses pour l’ensemble des mammifères marins présents, car elles font appel à des tirs à l’aide de canons à air comprimé, et de sonars, pour sonder les sous-sols au fond de la mer.


Les puissances utilisées vont au-delà des recommandations de l’État dans ce domaine, et les associations et scientifiques experts pointent des effets très négatifs dans ces conditions : troubles de l’audition, de la communication, de l’orientation, de l’alimentation, et de la reproduction des Cétacés et des Tortues marines. Ceci peut ainsi conduire à la mort des animaux, leur échouage, altérer leur reproduction et ainsi finalement avoir un impact néfaste sur leurs populations et plus largement sur l’écosystème marin.
 

Des eaux qu'on aimerait voir respectées

Des eaux qu'on aimerait voir respectées

On ne comprend pas la légèreté du préfet, qui autorise ainsi des activités mettant en danger des espèces protégées par arrêté ministériel, sans même prévoir de dérogation sur les espèces protégées, ni de consultation publique, comme l’impose pourtant la loi. 


Cerise sur le gâteau, la zone française où se déroule la mission fait partie du Sanctuaire Agoa ! Qui est censé être un havre de paix pour les 24 espèces de mammifères marins qui le fréquentent. Le Sanctuaire Agoa a été créé en 2010, sous l’égide du protocole SPAW (Specially Protected Areas and Wildlife) signé dans le cadre de la convention internationale pour la protection et la mise en valeur du milieu marin de la région Caraibe (dite “convention de Carthagène”) ; il est dédié à la protection des mammifères marins, dans les eaux de Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy.
 

Cachalot au large de la Basse-Terre. Crédit photo OMMAG

Cachalot au large de la Basse-Terre. Crédit photo OMMAG

Le Comité technique du Sanctuaire Agoa a rendu un avis en octobre 2024 en émettant des recommandations : éviter la période de mars-avril, et mettre en place des mesures pour éviter les tirs en présence de mammifères marins, par une surveillance visuelle et acoustique. Force est de constater que l’Ifremer n’a pas tenu compte de cet avis : il persiste à programmer la mission au pic de migration et reproduction des Baleines à bosse et Cachalots, et la surveillance proposée n’aura qu’une très faible efficacité. En effet, les cétacés sont très peu détectables visuellement en haute mer, et les sons qu’ils émettent sont épisodiques. Les tirs étant programmés de jour comme de nuit, on imagine mal qu’il n’y ait pas de dommages collatéraux.
 

Surréaliste

La France se trouve donc en porte-à-faux par rapport à la convention internationale qui régit le Sanctuaire, car elle s’est engagée à interdire dans la mesure du possible toute perturbation de la faune sauvage, et à assurer la quiétude de ces animaux en particulier pendant les périodes de reproduction, ou de migration des espèces protégées ou menacées. 


Nous, associations de défense de l’environnement, avons saisi le Tribunal administratif de Fort-de-France en Martinique, pour demander l’annulation en urgence de cette mission censée démarrer entre le 1er  et le 14 mars 2025. Le préfet a méconnu l’obligation de demander une dérogation sur les espèces protégées et viole les termes du protocole SPAW ratifié par la France en 2002 ! 

Organisations engagées dans le collectif

Organisations engagées dans le collectif

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