6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 06:00

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Les historiens se posent la question.

 

Si la date du récépissé de déclaration de constitution à la Préfecture fait foi, alors on peut dire que c'est le 6 mai 1993.

 

20 ans que moi le Toto-Bois je suis né ! Et pourtant, dans la monographie du père de l'association (ouvrage consacré exclusivement au Pic de la Guadeloupe), il est indiqué que ma longévité se situe plutôt autour de 10 ans. Comment expliquer ce miracle ? En tous cas, j'espère durer encore longtemps, ça me plait bien de voir tous ces naturalistes s'activer pour mieux connaître la faune et la flore des petites Antilles, et pour contribuer à la conserver.

 

N'étant pas agrégé d'histoire, et étant pourvu d'une cervelle d'oiseau, j'avoue ne pas me rappeler des évènements qui ont jalonné ces 20 ans. Alors, comme on n'est jamais si bien servi que par les autres, je suis allé à la pêche aux informations. Je vous livre ici le témoignage des membres successifs du bureau qui ont bien voulu jouer les balances.

 

Mais je profite quand même du fait que j'ai la parole pour vous livrer notre slogan pour 2013 : 

 

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Maguy

 

Le temps passe trop vite... Je me rappelle de mes premières sorties naturalistes avec AEVA en tant ... qu'étudiante, il y a 15 ans. Que de bons moments !

 

Pourtant pas une ride notre asso. 


Nicolas

 

Aventures du Tapé…

 

En 1994, AEVA réalisait des inventaires ornitho et herpéto aux Saintes, en particulier à Grand Ilet en prélude à son acquisition par le Conservatoire du Littoral et des Espaces Lacustres.

C’était toujours un peu aléatoire de trouver le dimanche matin un pêcheur qui accepte de nous y transporter. Au lieu du rendez-vous fixé la veille au port du bourg, pas de pêcheur. Son frère arrive après une bonne attente, l’œil pas frais, et nous dit que son frère, le propriétaire du bateau, a bu quelques ti-punchs la veille au soir et ne s’est pas réveillé. On explique que l’on veut d’abord regarder sur les falaises au vent de Grand Ilet pour voir si des Fous à pattes rouges y nichent puis en faire le tour et débarquer sur l’ilet. On va au bateau (une saintoise comme de juste) : on remarque -encore sans appréhension- qu’il faut retirer le capot puis enrouler la corde sur le lanceur pour –après plusieurs tentatives- réussir à démarrer. Nous sommes 8 « bénévoles » dans le bateau dont le héros de l’histoire : "le Tapé" (Pascal).

 

Commence alors le premier épisode.

 

Sortie de l’Anse du Bourg, contournement de la pointe ouest de Terre de Haut, entrée dans la passe sud, vers Grand Ilet. On est bien exposé aux alizées d’est et la mer est assez forte. Nous longeons Grand Ilet vers les falaises au vent et commençons à les explorer, mais trop loin pour bien voir.

Je demande au pilote de se rapprocher, au ralenti. Nous en sommes à une vingtaine de mètres et là le moteur cale… panique silencieuse. Le bateau tangue, le pilote parvient à retirer le capot, s’emmêle dans la corde, finit par l’enrouler autour du lanceur, tire fort, tombe en arrière, se fait mal, et le moteur ne part pas… Poussé par la houle, le bateau se rapproche de la falaise. Nouvelle tentative, nouvel échec. On tente de jeter l’ancre, mais c’est trop profond et abrupt et elle ne trouve pas le fond. Le bateau fait le yo-yo à quelques mètres de la paroi. Les visages sont blêmes. Chacun cherche ce qu’il doit essayer de sauver, repère une échancrure de la falaise où s’engouffrent les vagues et où résiderait « si Dieu veut » notre salut. On se prépare au « sauve qui peut ». Pendant ce temps, nous assistons impuissants aux échecs du démarrage. Nous nous apprêtons à sauter à l’eau quand ô miracle le moteur tousse, démarre et nous évite pour cette fois une fin aussi inéluctable qu’imminente… Nous nous éloignons en faisant l’impasse sur les fous de la falaise (enfin, les fous à plumes) et gagnons la petite crique abritée pour un bain réparateur.

Chacun souffle en se disant que la suite ne peut être qu’agréable sur cet ilet de rêve. Chacun ou presque…

 

Second épisode et suivants.

 

Nous débarquons nos affaires et au bain. A peine dans l’eau, nous entendons des hurlements de douleur. Le Tapé revient au bord en boitant et vociférant : il a violemment tapé dans un corail cornes de cerfs et a le pied en sang.

Il veut chausser ses lunettes pour constater les dégâts et, les cherchant à tâtons, casse une branche. Il est très myope et en est donc particulièrement handicapé. Il finira par trouver un bout de fil électrique pour les réparer : très mode !

Un peu plus tard, et après ces émotions, c’est l’heure du casse croûte. On sort du sac nos victuailles quand on entend le Tapé jurer : son sandwich a été mangé par les rats ! Après toutes les exactions commises contre eux, ils ont dû se venger.

 

Fin –ou presque- de cette série aventureuse.

 

Chacun rentre chez soi en pensant aux beautés et aux bontés de la Nature. Le soir, le Tapé nous appelle. En enfournant le bras dans son sac marin pour sortir ses affaires, il s’est fait piquer la main par un scorpion.

 

Elle est pas belle la vie du Tapé ?

AEVA ne nous procure-t-elle pas les émotions passionnantes auxquelles nous rêvons ? 


Philippe

 

AEVA, quel est ton nom !

Derrière l'acronyme, se cachait la posture de cette nouvelle association de conservation de l'environnement, mais aussi des discussions animées ayant conduit notamment à mettre explicitement le mot protection dans son nom développé : Association pour l'Etude et la protection des Vertébrés des petites Antilles.

Mais savez vous, au delà de cet objectif, ce qui a finalement emporté le choix de l'acronyme AEVA ? Et bien, une action de marketing pur et dur jouant d'ailleurs sur le sexe (mais si !!!). Les plus anciens s'en souviennent. C'était du temps de l'ancêtre d'Internet, le Minitel. C'était aussi en plein développement de réseaux où fleurissaient  des noms de Minitel rose débutant par 3615. 

 

Donc, entre deux discussions au moment du ti punch sur une terrasse de Belair Desrozières, a fusé 3615 AEVA. Aussi vite dit, aussi vite approprié et décidé, et ainsi naquit AEVA.

Quand quelques années plus tard, l'extension aux plantes a été proposée et décidée, au moment de l'apéro (encore !) sur une terrasse d'une auberge de Prise d'Eau, l'acronyme désormais dans le paysage ne pouvait qu'être gardé.


Olivier

 

Depuis 20 ans... AEVA engage des actions indispensables pour protéger la nature aux Antilles, parfois contre vents et marées. Que de compétences, de passion et de ténacité au service du pic de Guadeloupe, du moqueur gorge-blanche, de l'iguane des Petites Antilles, des tortues marines, des scinques ou bien encore des orchidées !

 

Mes souvenirs d'aéviste les plus chers sont probablement associés aux suivis écologiques menés sur Petite Terre, ce micro-archipel désiradien aujourd'hui inhabité aux richesses écologiques exceptionnelles. Un plaisir sans cesse renouvelé, car chaque visite m'a apporté un lot d'émotions, que ce soit par le biais d'une rencontre avec un passionné de nature ou grâce à l'observation d'une espèce inattendue.


Comme ce faucon, qui pèlerinait sur Terre de Bas et décida de fondre sur un kio (héron vert) quelques mètres au-dessus de nos tête. Notre présence l'effraya probablement car il rata sa proie dans un grand claquement d’ailes. Le faucon se dirigea ensuite vers la petite île de Terre de Haut, provoquant au dessus du lagon une panique généralisée dans une volée de limicoles. Nous le suivîmes avec Nicolas. Notre faucon décida alors de s'en prendre à un huîtrier pie qui échappa au danger en zigzaguant vers la Désirade...  


Anthony

Pour moi sans aucun doute je vote pour les missions à Petite-Terre entre 1998 et 2000, chaque visite là-bas donnait lieu à des découvertes de nouvelles espèces pour la réserve, c'était toujours très excitant d'y aller, une super ambiance, le bivouac, à part les traversées parfois houleuses c'était vraiment cool...
 
je pense que c'était aussi dans cette période où il y a eu une soirée "grillade de rats" ou 6 métros bouffaient du rat et 6 antillais qui étaient tous prêts à dégueuler... ah la culture c'est quelque chose...

Jacques

 

Au commencement était le Toto, qui se prétendait « Bois ». 

 

Mais il ne s’était entouré que d’autres Totos vertébrés. C’est alors qu’un beau jour, les défendeurs des bois et forêts ont décidé de protester à grands cris lors d’une assemblée générale : 

 

« Et nous alors ?  Pourquoi les Vertébrés et pas les Végétaux ? C’est de la discrimination !». 

 

Le calme revenu et le silence rétabli, un vote décida à l’unanimité que Toto-Bois devait effectivement mériter son nom. Certains extrémistes allèrent même jusqu’à dire que l’association AEVA se devait de se dénommer désormais AEVVA (Vertébrés ET Végétaux). Des voix sages s’opposèrent heureusement à cette hérésie, pour raison d’esthétique et d’euphonie… 

 

Et c’est ainsi que l’AEVA (grande est sa gloire !) est restée AEVA, et que le Toto a enfin pleinement mérité son nom de Toto-bois.


Claudie 

 

Je me rappelle de Pascal (dit le Tapé) lors de son premier séjour, avec son inénarrable accent du Jura, je l'avais pris pour un canadien : "Euh mais dis donc, y'a pas d'assoc d'ornitho en Guadeloupe, ça manque drôlement non ?". Tout est parti de là, et les mordus qui trainaient dans le coin à l'époque (Nicolas, Olivier, Philippe, Pascal et moi) avons tous été partants. Ce qui nous permet aujourd'hui de revendiquer le titre pompeux de "fondateurs d'AEVA". Je crois que nous en sommes fiers. 


 

Quelques repères non exhaustifs sur la frise du temps

 

Logo AEVA

1993 - Création d'AEVA (à partir d'une côte d'ADAM, qui passait par là).

 

 

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1994 - Inventaires des oiseaux aux Saintes. Le Toto sort du bois : parution du numéro 1 du bulletin de liaison. Inventaire de l'avifaune des étangs de l'est de Saint-Martin.

 

 

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1995 - Iles de la Petite Terre, acte 1 : inventaires des reptiles et oiseaux, préalables à la création de la réserve.

 

 

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1995 - Mise en place du collectif "Pour une gestion rationnelle de l'eau en Guadeloupe", en réponse au projet de barrage à Bras-David". Interventions auprès des autorités pour obtenir une suspension de la chasse après le passage d'intempéries. Bien que la réglementation le permette, cette mesure conservatoire n'est jamais prise.

 

 

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1996 - Nous jetons notre dévolu sur la Caravelle en Martinique (oiseaux, mangoustes).

 

 

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1998 - Nous mettons en place avec J. Fretey et la DIREN de l'époque le projet de conservation et le réseau Tortues marines, que nous animerons jusqu'en 2003.

 

 

 

Logo SCSCB

1998. Nous co-organisons avec le Parc et la DIREN le colloque de la Société Caribéenne d'Ornithologie.

 

 

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1999. Une fois de plus, nous ne trouvons pas de diablotins sur les pentes de la Soufrière. Un résultat négatif est toujours un résultat disait ma grand-mère. Nous réalisons une éude de faisabilité pour réintroduire des perroquets en Martinique.

 

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2000 - Elargissement du champ : nous passons des Vertébrés à toute la faune et la flore sauvage. A quand les cailloux me direz-vous ? (certains esprits chagrins nous ont même dit "A quand les vers ?").

 

 

 

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2003 - Début de notre implication pour une analyse des impacts du canyoning en zone centrale du Parc National de la Guadeloupe. En 2009, il est interdit par décret. On vous passe les détails, mais ça a été usant.

 

2004 à 2006 - Période faste pour sorties et exposés, moins pour les études. Nous nous limitons au suivi des Tortues marines sur la zone de Saint-François.

 

 

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2007 - Mise en place du blog. Nouvelle étude sur le Pic, nous affinons l'estimation des effectifs, et proposons une méthode de suivi à long terme par le Parc.

 

2008 - Obtention de l'agrément. Chouette, nous sommes d'utilité publique !

 

 

Sirène2

2009 - Le projet de réintroduction du Lamantin va être lancé, nous n'en sommes pas ravis. Nous nous consolons en menant une étude sur le Martin-pêcheur à ventre roux, sous-espèce endémique des petites Antilles.     

 

 

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2010 - Nous relançons un assaut sur Petite Terre : Iguanes le retour. Scinques : le commencement.

 

 

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2011 - Un projet de télécabine pointe son nez à la Soufrière, nous sommes pour le moins "veyatifs" (vigilants).

 

 

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2012 - Beaucoup de sorties cette année-là grâce à notre animateur en chef. 

 

 

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2013 - Des questions à élucider pour les prochaines années, avec comme mots-clés (dans le plus complet désordre): Scinques, Désirade, Gaïac, Petite Terre, Kahouanne, Orchidées, Marie-Galante, Tintamarre, Epidendrum revertianum... que sais-je ?

 

Si peu de choses finalement. 

 

 

Illustrations de Nicolas et Claudie.

 

7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 18:12

 

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Une certaine ressemblance avec le capitaine Haddock.

Toujours des histoires extraordinaires à raconter.

Un amour des voyages naturalistes.

Le goût de parler de tout et de rien, si possible avec passion.

Une passion enfantine justement, pour les "olives", ces coquillages que l'on trouve en quantité dans la sablière de Baie-Mahault.

De nombreuses visites et missions aux Antilles, avec comme prétexte avoué les projets d'éradication de rats, souris et autres mangoustes. Espèces exotiques envahissantes comme on dit dans les milieux autorisés. Mais le bougre s'intéressait en fait à tout.

Un visage bienveillant, toujours ce sourire et l'intérêt porté aux autres.

Le goût de rassembler des gens très différents pour avancer sur la même idée.

Le gaillard s'est fait avoir au sommet de sa vie, par beaucoup plus petit que lui.

C'était Michel Pascal, le Ratator, notre ami.

11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 18:20

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Il fut un temps pas si lointain où AEVA communiquait à l'aide d'un média devenu rare : le papier.

 

Le rythme des parutions était inégal, et l'édition d'une centaine d'exemplaires 2 A3 recto verso laborieuse. Sans compter les étiquettes d'adresses à éditer et les timbres à coller.

 

Temps révolus, mais des traces demeurent. Voici la collection complète des 8 numéros du Toto-Bois qui sont parus entre 1994 et 2000.

 

N°1 : Le Toto sort du bois

N°1 hors-série : Mygales Martinique

N°2 : Etude PNG aux Saintes

N°3 : Spécial baguage

N°4 : Spécial réseau Tortues

N°5 : Retour après 3 ans d'absence

N°6 : Diablotin, aigrettes, etc...

N°7 : Focus chauve-souris

N°8 : L'année ou la botanique est arrivée

 

Point de nostalgie, le blog nous permet sans doute de promouvoir davantage votre goût pour la nature.

 

24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 16:01

 

 ... un peu de pub...

 

La Réserve de Petite-Terre a mis en ligne son site... Cliquez sans plus attendre.

 

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"Ca y est les filles, on est sur Internet".

Petites sternes nichant à Terre de Haut de Petite-Terre, mai 2010.

13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 14:07

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Qu'est-ce qui rugit et gronde ?

Qu'est ce qui emporte régulièrement un ou deux passants ?

Qu'est ce qui vous épouvante lorsque vous la regardez en face ?

 

La Tigresse du Bengale ? La Lionne mangeuse d'hommes ?

 

Que nenni. Bien pis.  

 

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La rivière en crue.

 

Qui charrie comme si de rien n'était des arbres comme des fétus de paille ?

Qui rabote sans pitié les berges, laissant terre rouge à nu ?

Qui noye les vaches au piquet et emplit de boue les maisons trop proches ?

 

Qui envahit les nids de Martins-pêcheurs creusés à même les rives ?

 

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Toujours elle.

 

Qui vous fascine et vous attire ?

Qui vous remet en bonne place dans la mince pellicule vivante qui borde la planète (pas si nette) Terre ?

 

La 'Grande Rivière à Goyaves'. Elle est sortie de son lit à plusieurs reprises ces dernières semaines, comme elle ne l'avait pas fait depuis des années. Un tiers de mètre de pluie (presque la moitié de ce qui tombe chaque année à Paris) a débaroulé en un jour sur le bassin versant, s'est accumulés au détour des pentes, a formé des vagues et déblayé des roches énormes. 

 

Rien qu'une somme de gouttes d'eau.

 

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Pour finir dans le bouillon ! (jusqu'à la prochaine fois). Les photos sont de Philippe Feldmann, sauf celle du lion de la MGM.

7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 09:42

Il y a une quinzaine de jours, je suis sorti du (toto) bois, et suis allé me percher sur l'embrasure de la fenêtre d'un hôtel chic de Saint-Claude. J'ai pu ainsi assister à un certain nombre de débats, portant sur les espèces exotiques envahissantes (autrement dites "EEE"), et également profiter des pauses café, très bien fournies en viennoiseries de toutes sortes.

Mais que sont donc ces EEE ? Autant savoir de quoi on parle avant de discuter, les sources de malentendus étant par ailleurs suffisamment nombreuses sur cette Terre. Le groupe Outre-Mer de l'UICN-France (l'UICN étant l'Organisation mondiale pour la nature), et plus particulièrement les camarades de l'initiative UICN sur les EEE, nous en donnent cette définition (sortez vos calepins et prenez des notes) :

Il s'agit d'espèces animales, végétales, ou microbiennes, introduites accidentellement ou délibérément par l'espèce que l'on dit humaine, et qui se sont acclimatées, naturalisées, ont pris un caractère envahissant, et ont un impact plus ou moins grave sur les milieux et/ou espèces indigènes, sur l'économie ou sur la santé.

Diantre ! Ce qui revient à dire qu'aussi bien une plante faisant par exemple régresser l'effectif de la population d'espèces végétales indigènes, qu'un animal provoquant des pertes économiques dans le domaine agricole, qu'un microbe risquant de nous contaminer, peuvent être considérés comme des EEE ? En tous cas ce qui est sûr, c'est qu'en tant que seule espèce d'oiseau endémique de la Guadeloupe, je suis le contre-exemple parfait d'une EEE.

Mais ce qui revient aussi à relativiser. Selon Williamson & Fitter (1996), en moyenne 1 espèce introduite sur 1 000 devient envahissante.

Mais attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : ces quelques espèces qui deviennent envahissantes peuvent à coup sûr provoquer des dégâts considérables dans nos milieux insulaires qui ont un défaut majeur : celui d'héberger des écosystèmes dysharmoniques. Ce mot barbare signifie que des groupes taxonomiques ou fonctionnels en sont absents. La biodiversité y est souvent faible mais le taux d'endémisme élevé. On a tendance à dire que toutes ces caractéristiques rendent les écosystèmes insulaires fragiles, notamment face aux espèces nouvellement arrivées.

Tout ça est un peu compliqué je vous l'accorde, je vais essayer de vous donner quelques exemples qui nous concernent de près.



Cliché INRA Guadeloupe.

On commence par quelque chose de facile à comprendre. La fourmi-manioc (encore elle, elle va prendre la grosse tête). Elle a tous les critères sans risque de se tromper : elle a été introduite, elle s'est installée, son aire de répartition a progressé, elle cause des impacts économiques et écologiques considérables (lourdes pertes en agriculture, attaque sur des milieux naturels et sur des espèces protégées (au hasard, fougères arborescentes)). Pour quelques révisions sur cet Hyménoptère, voir . C'est donc le cas typique de l'EEE qu'il conviendrait de fortement limiter, d'autant plus qu'elle épargne les îles avoisinantes. Egoïstement, pensons à Marie-Galante, et à la Martinique. Mais les petits copains des Antilles aimeraient bien aussi s'en dispenser.



Croquis C. Pavis.

Deuxième exemple, choisi cette fois-ci chez les végétaux. Le bambou. Quoi, le bambou ?! Cette magnifique Poacée (anciennement Graminée) serait envahissante ? !!  Alors qu'elle agrémente si bien nos bords de rivière et nos paysages ruraux ?! Dites-donc, vous ne seriez pas par hasard ce qu'on peut appeler des intégristes écologiques frustrés qui voudraient confisquer la nature au commun des mortels ? Je ne m'exprimerai pas sur ce point, mais une chose est sure : le bambou se trouve au coeur du Parc National, et si sa présence est souvent inféodée à l'activité humaine, cette espèce peut quand même coloniser des milieux sans qu'on le lui demande, par exemple en se bouturant et en se propageant grâce aux pentes, éboulis et autres vallées. Son impact est flagrant, et localement très inquiétant (route de la Traversée, routes des chutes du Carbet, crêtes du Nord au-dessus de Sainte-Rose...). Les dégâts en Martinique sont irréversibles; en Guadeloupe, il faudrait travailler très vite et très bien pour éviter cette extrémité. Les gestionnaires du Parc National ont d'ores et déjà commencé à évaluer différentes méthodes de lutte. C'est là que ça se complique un peu : lorsque l'EEE dispose d'un capital de sympathie auprès des populations humaines, il faut commencer à faire attention à ce qu'on dit si on veut être compris et suivi.


Cliché P. Feldmann.

Dernier exemple après je retourne dans mon trou : celui du raton-laveur (racoon, rina, rakoun...) qui a déjà fait couler pas mal d'encre (voir ) et presque de sang chez AEVA. Alors là, si je peux me permettre, je rigole. Jusqu'à il n' y a pas longtemps, le racoon avait la cote, espèce indigène, protégée par arrêté ministériel, chouchoutée par tout un chacun bien qu'ayant fait jusqu'à 1989 partie des tableaux de chasse de nos concitoyens. Curieusement, malgré cet engouement, bien peu de choses étaient connues sur le racoon en Guadeloupe. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu'au jour où des scientifiques ont démontré par A + B que les racoons de Guadeloupe sont de la même espèce que les copains américains, et qu'ils ont été introduits entre 1820 (selon les naturalistes) et 1840 (selon la police). Donc si vos sortez vos calculettes, ça fait largement moins de deux siècles qu'ils sont là, ce qui est bien peu de choses en matière de processus écologique. Et que bien malin qui peut dire aujourd'hui si cette espèce n'a pas déjà eu ou n'aura pas un impact négatif sur les forêts proches de l'état primaire du massif de la Basse-Terre. On est là typiquement dans un cas compliqué réglementairement (il faudrait déclasser l'espèce, peut-être la lister comme espèce chassable, ce qui prend en général plus de temps qu'il ne faut pour le dire), médiatiquement (il faudrait expliquer aux gens que finalement ce n'est pas le bon gros nounours qu'on croyait), scientifiquement (il faudrait essayer d'en savoir un peu plus sur la bête, pour concevoir des méthodes de gestion appropriées) etc...

Je n'ai donc rien démontré dans ce cours magistral qui a dû en barber plus d'un, sauf qu'il est urgent de se mettre tous autour d'une table pour accorder nos idées, nos violons, nos compétences (si si, il y en a) dans le domaine des EEE.  Comme l'ont dit cette semaine les 'savants', les associatifs, les services de l'état, les voisins de la Caraïbe, les Ultra-Marins français (parfois dissipés...), les lacunes aux Antilles françaises et ailleurs dans ce domaine sont surtout liées à un manque de coordination. C'est vrai qu'on pourrait sortir un peu de notre train-train pour se mettre en ordre de marche au niveau local. Ensuite, il sera temps de coopérer avec la Caraïbe.

Pour trouver des informations sérieuses sur ce sujet, allez vite sur le site de l'initiative UICN EEE. Vous y trouverez aussi des références bibliographiques, une base de données très pratique et bien d'autres choses encore.

21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 13:55



L'assemblée générale s'est déroulée le 17 octobre.
Vous trouverez ici le bilan d'activités 2008-2009, et un aperçu de la carte de membre 2009-2010 (si ce n'est pas un appel à cotisations, ça y ressemble : toujours 20 €, à envoyer à l'adresse indiquée au bas de la carte).

3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 15:48



Le dernier numéro du Courrier de l'Environnement vient de sortir, j'y ai déniché (!) un article sur la gestion des espaces protégés, écrit par Annik Schnitzler, Jean-Claude Génot et Maurice Wintz. Je me suis senti un peu moins tête de piaf après l'avoir lu. A télécharger .

Pour vous donner envie de le lire, je vous livre la première phrase, une citation de Wendell Berry :

"Nous ne savons pas ce que nous faisons dans la nature tant que nous ne savons pas ce que la nature aurait fait si nous n'avions rien fait".

16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 05:30



Mais de quoi s'agit-il ? Je me gratte la tête, je prononce tout haut, et oui, je finis par comprendre qu'il s'agit d'une chauve-souris et d'un poisson, personnifiés pour la bonne cause de l'éducation à l'environnement.
Ma déontologie d'oiseau des bois m'interdit de faire de la publicité, mais là, je ne peux m'empêcher de signaler une initiative sympathique de l'association Grenn Sab. 
Ces personnages sont les héros de deux albums d'activités conçus pour les petites têtes multicolores du primaire. Mon inspiration étant au niveau triple zéro ces jours-ci, je reprends simplement les termes de la 4ème de couverture pour vous présenter ces productions :

'Avec ses deux personnages Capitaine Grantékay et Manzèl Genbo, représentants des milieux aquatiques, terrestres et aériens, Grenn Sab s'adresse aux enfants de l'école primaire. Activités ludiques mêlant réflexion, écriture et arts plastiques délivreront leur messages essentiels pour la construction des adultes qu'ils seront demain.'

Acerola* sur le gâteau, les deux fascicules sont gratuits, Il faut tout de même aller les chercher au local de l'association, que vous pouvez contacter en cliquant . Avis donc aux profs et parents d'élèves, il y en aura pour tout le monde.


* Cerise des Antilles

27 décembre 2007 4 27 /12 /décembre /2007 09:43

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Illustration Jean Chevallier


C'est donc Toto-Bois qui vous parle. J'ai bénéficié d'une session de formation accélérée pour utiliser les nouvelles technologies de l'information, mon bec acéré et mon intelligence au-dessus de la moyenne m'ayant permis de m'adapter assez vite à l'outil informatique. En préambule, je vous signale que vous avez accès à un certain nombre de pages fixes (3 pour l'instant, il faut commencer doucement), c'est la rubrique 'Pages' située à droite. De même, quelques albums photos sont à votre disposition, ils seront étoffés au fur et à mesure.

J'inaugure le blog en vous indiquant ce qui a été décidé lors de la première réunion du bureau pour cette année 2007-2008.

Tout d'abord, les rôles changent dans le bureau, on ne va pas se scléroser tout de même :

Présidence : Claudie Pavis
Trésorerie : Mathieu Brossaud
Secrétariat : Lisa Lavocat
Tout le reste : Jean-François Bernard (chargé de mission sorties de terrain), Françoise Culson (déléguée aux affaires générales), Maguy Dulormne (secrétariat à la logistique), Daniel Imbert (expert en relations publiques surtout pour le Conseil des Rivages Français d'Amérique), Laurent Malglaive (délégué aux affaires des Tortues marines), et enfin Sylvie Rioual (nouvelle arrivante).

Les bonnes résolutions pour 2008 :

- améliorer notre visibilité (le blog est là pour ça)
- appuyer le réseau Tortues marines, en continuant à coordonner la zone de Saint-François
- conduire l'étude sur les Bryophytes de Guadeloupe et Martinique (financement ONF et DIREN)
- relancer le partenariat avec l'ONF, pour poursuivre les suivis de populations d'iguanes des petites Antilles
- monter un projet pour évaluer le statut des populations du martin-pêcheur à ventre roux
- et bien d'autre choses encore

Ces différents points feront l'objet d'articles circonstanciés (j'ai également suivi une formation en grammaire française, j'en avais besoin, mon language maternel ne m'ayant doté que de 7 ou 8 'kaaaaaaaaaa').

Je vous salue donc du haut de mon pied de cocotier préféré, il faut tout de même que j'aille chercher de quoi manger pour le réveillon du Nouvel an. J'attends vos commentaires avec impatience (il faut cliquer en bas à droite sur ajouter un commentaire, bande d'ignares).

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  • : L'écho du Toto-Bois
  • : Le blog d'AEVA, l'Association pour l'Etude et la protection de la Vie sauvage dans les petites Antilles - Contact : aeva.totobois@gmail.com
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