2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 09:25

Cliché G. Pitrou

Je ne sais pas trop comment vous expliquer la chose.

Le 12 janvier dernier, Gilles Pitrou, un de nos fidèles, a trouvé dans son jardin un drôle de truc.
Translucide, allongé (4 mètres 30),... ne tournons pas plus autour du pot pour épargner les âmes sensibles : une mue de serpent.
Ne dramatisons pas, si la mue fait 4 mètres 30, la taille de son propriétaire devrait être comprise entre 3,5 et 4 mètres.
Comme Gilles est quelqu'un plein de bon sens, il a averti les naturalistes qui traînaient dans le coin et ailleurs, et a envoyé ladite mue au Museum pour identification.
Il s'agirait d'un python améthyste (Morelia amethistina)*, qui, vous l'aurez deviné, n'a strictement rien à faire dans le secteur. Il s'agissait d'ailleurs du secteur de Douville, commune de Goyave en Guadeloupe. Cette grosse bête aurait déjà été aperçue dans les parages il y a 2 ou 3 ans.

Comme son nom ne l'indique pas, ce python fait partie de la famille des Boidae. L'espèce est présente en Indonésie, Papouasie Nouvelle-Guinée et en Australie. Une encyclopédie en ligne nous indique qu'elle consomme principalement des oiseaux (horreur, des Pics ???), des chauves-souris et des rats. Qu'elle est de moeurs nocturnes, que les jeunes sont plutôt arboricoles et que les individus de grande taille vivent plus souvent sur le sol.


Détail des écailles de la tête - Cliché G. Pitrou


Ce genre d'introduction n'est pas si rare qu'on pourrait le penser. Un Boa constricteur (Boa constrictor), introduit de Dominique, avait été trouvé et 'exfiltré' de Petite Terre en 1995**. En 1995 toujours, un Python royal (Python regius) a été capturé (et haché menu) au morne Dubelley à Sainte-Anne***.

Revenons à notre mouthon améthyste. Plusieurs réunions se sont tenues à la DIREN. Comme on l'imagine, les services de la Préfecture étaient inquiets, tout en ne souhaitant pas affoler les populations (le vieux fantasme du serpent mangeur d'hommes). Un piège a été disposé (un tuyau de PVC de 4 mètres de long, appâté avec un rat). La surveillance et le relevé ont été assurés par l'ONCFS. En deux mois, seules quelques mangoustes ont fini dans le tuyau.  

Encore une introduction, volontaire ou accidentelle, qui souligne notre incapacité à contrôler ce qui entre sur le territoire. On peut penser qu'un terrariophile s'est procuré cet animal et l'a relâché ou laissé s'échapper, sans réfléchir plus de 3 secondes aux conséquences possibles sur les écosystèmes.


* Breuil M. & Ibéné B., 2008. Les Hylidés envahissants dans les Antilles françaises et le peuplement batrachologique naturel. Bulletin de la Société entomologique de France, 125 : 41-67.
** AEVA, 1997. Les oiseaux et reptiles des îles de la Petite-Terre (Guadeloupe).
(Convention CELRL et ONF), rapport AEVA n°16, 58 pp, mai 1997.
*** Fabrice A., 1995. Un serpent dans un jardin. France-Antilles, 13/11/1995, p. 5.
 

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