25 avril 2008
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Devinette : qui pousse ce cri fort (cra cra cra etc...) au détour de certaines rivières de Guadeloupe, de Dominique mais malheureusement plus de Martinique ?
Megaceryle torquatus stictipennis - Cliché P. Feldmann
C'est lui, l'infâme Cra cra, autrement nommé Martin-pêcheur à ventre roux (le Martin-pêcheur sédentaire selon le père Pinchon). A ne pas confondre avec le Martin-pêcheur migrateur, qui fréquente les zones littorales, voire les embouchures de rivières, et qui est beaucoup plus répandu.
An tan pas si lontan que ça (dans les années 70-80), le Cra cra était observé assez couramment sur les rivières de la Basse-Terre en Guadeloupe, depuis le bord de mer jusqu'à plusieurs centaines de mètres d'altitude. Sur le Grand Etang, dans la zone centrale du Parc National, ce martin-pêcheur pouvait être observé quasiment à chaque visite. Petit à petit, l'oiseau fit moins souvent son nid, et depuis 5 ans, il semble qu'il n'ait plus été revu sur ce site par les gardes du Parc ou par d'autres ornithologistes.
Ca ne vous inquiète pas ? Une sous-espèce endémique des Petites Antilles, pour qui l'application au niveau régional des critères de la liste rouge de l'UICN faite par AEVA aboutit au classement 'en danger critique d'extinction' en Guadeloupe. Qui plus est un très bel oiseau, probablement le plus grand martin-pêcheur du monde : curieusement, il se différencie nettement au niveau morphologique de la sous-espèce nominale, largement répandue dans les Amériques (plus grand, queue plus longue, bec plus fort, angle d'attaque de l'aile bordé de blanc,...). A se demander si ce n'est pas une espèce à part entière (fantasmons un peu).
Ca serait tout de même dommage qu'une telle espèce soit la première à disparaître de Guadeloupe, depuis le Rossignol (Troglodyte de Guadeloupe).
Nos envoyés spéciaux ont réussi (nul n'est à l'abri d'un coup de chance), à localiser en 2007 et 2008 des individus nicheurs, sur un des affluents de la Grande Rivière à Goyave. C'est curieux, il s'agit de la rivière la moins polluée par le chlordécone, alors que la Grande rivière de Capesterre qui est quant à elle très polluée (ainsi que les vertébrés et invertébrés qui la peuplent, et qui sont largement consommés par les martins-pêcheurs), semble ne plus héberger les Cra cras. De là à dire qu'il y a une relation de cause à effet, il y a un pas que je ne franchirai pas. Mais quand même...
Bref, tout ça pour dire qu'il est urgent d'agir, pour savoir de quoi il retourne. Quelle est la répartition actuelle du Cra cra ? Quelles sont ses exigences écologiques ? Y a-t-il des corrélations entre sa répartition et des facteurs tels que relief, pratiques agricoles, zones d'épandage du chlordécone ? Qu'en est-il des populations de Dominique, pour lesquelles il n'y a pas non plus de données dans la littérature ?
Si cette première étude peut être menée rapidement, nous aurons des éléments de réponse pour éventuellement fournir des propositions de gestion. Et qui sait, monter un projet plus ambitieux, intégrant des questions de génétique, de toxicologie...
Nous organiserons prochainement une sortie (à effectifs réduits), pour observer un couple nicheur du côté de la forêt de Jules.
C'est lui, l'infâme Cra cra, autrement nommé Martin-pêcheur à ventre roux (le Martin-pêcheur sédentaire selon le père Pinchon). A ne pas confondre avec le Martin-pêcheur migrateur, qui fréquente les zones littorales, voire les embouchures de rivières, et qui est beaucoup plus répandu.
An tan pas si lontan que ça (dans les années 70-80), le Cra cra était observé assez couramment sur les rivières de la Basse-Terre en Guadeloupe, depuis le bord de mer jusqu'à plusieurs centaines de mètres d'altitude. Sur le Grand Etang, dans la zone centrale du Parc National, ce martin-pêcheur pouvait être observé quasiment à chaque visite. Petit à petit, l'oiseau fit moins souvent son nid, et depuis 5 ans, il semble qu'il n'ait plus été revu sur ce site par les gardes du Parc ou par d'autres ornithologistes.
Ca ne vous inquiète pas ? Une sous-espèce endémique des Petites Antilles, pour qui l'application au niveau régional des critères de la liste rouge de l'UICN faite par AEVA aboutit au classement 'en danger critique d'extinction' en Guadeloupe. Qui plus est un très bel oiseau, probablement le plus grand martin-pêcheur du monde : curieusement, il se différencie nettement au niveau morphologique de la sous-espèce nominale, largement répandue dans les Amériques (plus grand, queue plus longue, bec plus fort, angle d'attaque de l'aile bordé de blanc,...). A se demander si ce n'est pas une espèce à part entière (fantasmons un peu).
Ca serait tout de même dommage qu'une telle espèce soit la première à disparaître de Guadeloupe, depuis le Rossignol (Troglodyte de Guadeloupe).
Nos envoyés spéciaux ont réussi (nul n'est à l'abri d'un coup de chance), à localiser en 2007 et 2008 des individus nicheurs, sur un des affluents de la Grande Rivière à Goyave. C'est curieux, il s'agit de la rivière la moins polluée par le chlordécone, alors que la Grande rivière de Capesterre qui est quant à elle très polluée (ainsi que les vertébrés et invertébrés qui la peuplent, et qui sont largement consommés par les martins-pêcheurs), semble ne plus héberger les Cra cras. De là à dire qu'il y a une relation de cause à effet, il y a un pas que je ne franchirai pas. Mais quand même...
Bref, tout ça pour dire qu'il est urgent d'agir, pour savoir de quoi il retourne. Quelle est la répartition actuelle du Cra cra ? Quelles sont ses exigences écologiques ? Y a-t-il des corrélations entre sa répartition et des facteurs tels que relief, pratiques agricoles, zones d'épandage du chlordécone ? Qu'en est-il des populations de Dominique, pour lesquelles il n'y a pas non plus de données dans la littérature ?
Si cette première étude peut être menée rapidement, nous aurons des éléments de réponse pour éventuellement fournir des propositions de gestion. Et qui sait, monter un projet plus ambitieux, intégrant des questions de génétique, de toxicologie...
Nous organiserons prochainement une sortie (à effectifs réduits), pour observer un couple nicheur du côté de la forêt de Jules.