3 juin 2022 5 03 /06 /juin /2022 07:58
Action

Un drame se joue à l'instant sous mes yeux (et mes oreilles).

Chant de cigale1 strident, un Pipirit2 a capturé la chanteuse au vol. Puis des tap-tap-tap, l'oiseau (de la famille des Tyrans, je n'invente rien), maintient le coriace hémiptère entre ses mandibules pour ne surtout pas le laisser s'échapper. Il le martelle sur la branche d'un Bois-canon3 mort. Ainsi la grosse cigale est tuée et dépecée avant ingestion ! Tel le tourteau mais sans la mayonnaise. Le tout dure quand même quelques minutes. La scène se termine par un nettoyage de bec (c'est gras les insectes) sur la branche. Rideau !

Une seule heure, un seul lieu, un seul fait accompli, ont tenu jusqu'au bout le théâtre rempli. 

Pour les amoureux des noms latins :  1 Fidicina mannifera2 Tyrannus dominicensis3 Cecropia schreberiana

11 décembre 2019 3 11 /12 /décembre /2019 13:15
Main dans la main, ou le meilleur moyen de protéger les tortues

Main dans la main, ou le meilleur moyen de protéger les tortues

Petite histoire du premier projet de conservation des tortues marines de la Guadeloupe et des débuts du réseau d’observateurs bénévoles

En 1998, un premier projet de conservation des tortues marines de la Guadeloupe fut élaboré et piloté par Olivier Lorvelec, de l’association AEVA, dans le cadre d'un partenariat entre l’AEVA et la DIREN. Jacques Fretey, spécialiste international des tortues marines et de leur conservation, y apporta son expertise scientifique. Parallèlement, Olivier créa et anima le premier réseau d’observateurs, constitué de bénévoles dans les différentes îles. En 1998, Claudie Pavis était déjà la présidente d'AEVA et Michel Sinoir le directeur de l’environnement de la Guadeloupe.

Toti la sé tan nou

Comment débuta ce projet de conservation et le réseau ?

Michel Sinoir avait organisé une réunion à la DIREN, le 11 mars 1998, afin de développer une stratégie d’actions sur la faune sauvage. A cette occasion, Olivier évoqua notamment le thème des tortues marines, sur lequel AEVA travaillait déjà. L'association avait constitué un mini-réseau d’observateurs aux Saintes et suivait la reproduction aux îlets de Petite Terre. Michel Sinoir avait rebondi sur cette présentation en demandant à AEVA de travailler à un projet de réseau à l'échelle de la Guadeloupe, qui comprenait à l’époque la partie française de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Il demanda également l’intégration à un réseau national ou régional caribéen.

Olivier répondit par l’affirmative. Il entreprit alors la rédaction du premier projet de stratégie de conservation et la création d’un réseau d’observateurs bénévoles. Cette démarche permettait de coordonner les différents acteurs déjà engagés ou qui allaient bientôt l’être : AEVA, association Évasion Tropicale, ONF (Réserve naturelle des îles de la Petite Terre), Réserve naturelle du Grand cul-de-sac marin (aujourd'hui Parc National de la Guadeloupe), Brigade Mobile d'Intervention de l’ONC (aujourd’hui ONCFS), Fortuné Guiougou, Aquarium du Gosier, Municipalité de Terre-de-Haut des Saintes, association Grenat (Saint-Barthélemy), etc. Tous les participants ne peuvent être cités nommément dans ce bref historique et nous nous en excusons auprès d’eux. Ces acteurs étaient conscients des nombreuses menaces qui pesaient sur les tortues marines dans les eaux et sur les plages guadeloupéennes, malgré la protection intégrale dont elles bénéficiaient depuis 1991. Lors de cette réunion de mars 1998, Michel Sinoir avait aussi demandé à Olivier de prendre l'animation d’un projet sur le lamantin ! La proposition avait été déclinée...

La première réunion dédiée à ce projet élargi s'est tenue le 9 juillet 1998 à la DIREN. Olivier et Mylène Musquet-Valentin, de la DIREN, avaient réuni les différents acteurs et Olivier avait invité Jean Lescure, Jacques Fretey et Peter Pritchard, spécialistes reconnus des tortues marines, qui étaient de passage en Guadeloupe. Satisfait, Michel Sinoir avait décidé que la DIREN soutiendrait et financerait le projet.

En octobre 1998, un premier document d'AEVA (Fretey & Lorvelec, 1998) détaillait les objectifs, les acteurs et leurs zones de suivis, l’intégration au niveau national et au niveau international, le dossier administratif et les moyens mis en œuvre pour réaliser le projet.

L’année 1999 fut riche en actions et observations. Point fort, en janvier 1999, Olivier organisait avec Jacques un stage d'acquisition de connaissances sur les tortues marines à destination des membres du réseau, puis un stage de terrain en juillet-août à Petite Terre pour le suivi des pontes. À l'époque, pas de maison des gardes, et confort minimum garanti !

Lagon de Petite Terre

Lagon de Petite Terre

Le rapport d'AEVA n°21 de juin 1999 (Lorvelec & Fretey, 1999) livrait un premier bilan pour un projet de conservation. La stratégie, déjà en partie présentée dans le document d’octobre 1998, se déclinait ainsi : constituer un réseau d’observateurs, former les acteurs à la biologie de la conservation et à la réglementation, évaluer au niveau qualitatif et quantitatif les populations de la Guadeloupe, évaluer les menaces encourues, marquer des individus, réaliser des prélèvements pour des analyses génétiques et mettre en place rapidement un plan de gestion. D’autres rapports AEVA suivirent en 1999, 2000 et 2001.

A partir de décembre 2000, Claudie prenait en charge la rédaction du bulletin de liaison du réseau : L'Éko des Kawann.

L'archivage ça a du bon...

L'archivage ça a du bon...

Cet historique souligne qu'AEVA et la DIREN ont eu l'initiative de la création du réseau et du projet de stratégie de conservation dès 1998. Juillet 1998 peut être considérée comme la date de création du réseau, qui a fêté en 2019 ses 20 ans d’existence.

Il nous donne également l’occasion de remercier ceux qui avaient travaillé sur les tortues marines des Antilles françaises avant 1998 : le père Pinchon, Alain Kermarec, Jean Lescure et Jacques Fretey, dont les travaux avaient déjà tiré la sonnette d'alarme sur les nombreuses menaces pesant sur la survie des tortues marines dans les Antilles françaises.

Il nous permet enfin de remercier les responsables qui se sont succédés à la tête du projet. Après le départ d’Olivier pour l’Hexagone, à la fin de l’année 1999, AEVA conserva un temps la responsabilité du projet de conservation et du réseau, par l’intermédiaire de Gilles Leblond en 2000, puis de Claudie Pavis en 2000 et 2001. Johan Chevalier prit le relais en 2002 dans le cadre de l’ONCFS. Il rédigea le « Plan de restauration des tortues marines des Antilles françaises » en 2003, plan qui fut validé en 2006. Après son départ en 2003, Éric Delcroix reprit le flambeau, d’abord dans le cadre de l’association Kap’Natirel, puis au sein de l’ONCFS. Il coordonna le réseau pendant pas moins de 10 ans, de 2004 à 2014. Par ailleurs, un réseau similaire démarra à la Martinique en 2003. Antoine Chabrolle, également à l’ONCFS, succéda à Éric de 2014 à fin 2016. Depuis 2017, c’est Sophie Lefèvre, travaillant à l’ONF, qui a pris le relais pour l'animation en Guadeloupe.

De nombreux organismes et animateurs se sont donc succédés, toujours soutenus par la DEAL (ex DIREN) de la Guadeloupe, pour faire avancer le projet. A ce jour, le second « Plan national d’action en faveur des tortues marines des Antilles françaises » est décliné pour la période 2018-2027.

Si nous nous sommes volontairement limités aux débuts du projet, nous n’oublions pas que de très nombreuses actions ont été menées par la suite, qui peuvent être consultés dans les différents documents produits par les organismes en charge de l'animation.

Des temps anciens aux temps modernes (cliché C. Pavis). Exposé AEVA sous le carbet de Petite Anse de Vieux-Habitants en 2002.  Au second plan, Fortuné Guiougou, Yohan Chevalier et André Lartiges. Au premier plan, Mathieu Roulet et Benoît Thuaire (stagiaires) et Anthony Levesque.

Des temps anciens aux temps modernes (cliché C. Pavis). Exposé AEVA sous le carbet de Petite Anse de Vieux-Habitants en 2002. Au second plan, Fortuné Guiougou, Yohan Chevalier et André Lartiges. Au premier plan, Mathieu Roulet et Benoît Thuaire (stagiaires) et Anthony Levesque.

Documents cités

Fretey, J. & Lorvelec, O. (1998). Stratégie de conservation des tortues marines de l’archipel guadeloupéen. Projet. DIREN-Guadeloupe, AEVA, Plan d’action national tortues marines, Plan régional WIDECAST, 1er octobre 1998, 12 pages.

Lorvelec, O. & Fretey, J. (1999). Stratégie de conservation des tortues marines dans l’archipel guadeloupéen. Phase 1 (1999). Rapport préliminaire. AEVA (Petit-Bourg, Guadeloupe), DIREN de la Guadeloupe (Basse-Terre, Guadeloupe), UICN (Paris). Rapport de l'AEVA N°21, juin 1999, 7 pages et 9 annexes.

18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 14:38
Maria et les oiseaux

Le 19 septembre 2017 au matin, notre jardin était en vrac.

 

Maria était passée dans la nuit, 28 ans et 2 jours après Hugo.

 

Notre jardin, c'est à de BelAir Desrozières, sur les hauts de Petit-Bourg. Pour être précis, à 85 m d'altitude et à 4 km à l’est de la forêts humide.

 

Onze des 40 cocotiers sont couchés. De grosses branches des Mahogany, des poiriers-pays, des arbres à pain et des tulipiers sont cassées. Les palmiers céleri sont déracinés… mais les palmiers ont globalement bien résisté, en perdant quelques feuilles : Hyophorbe, Ptychosperma, Roystonea. Et les Caliandra n’ont même pas perdu leurs fleurs.

 

Dès le lendemain matin, les petits oiseaux étaient en nombre sur la mangeoire à sucre : Sucriers, Sporophiles rouge gorge et Cicis zèb. Même chose sur l’abreuvoir à sirop : Sucriers et les 3 espèces de colibris. Sur les Caliandra, une trentaine de ces nectarivores s’étaient regroupés et se querellaient.

 

Mais plus surprenant, il y avait énormément de grives qui s’ajoutaient aux habituels Pipirits. Surtout des Grives fines, particulièrement peu farouches - approchées à moins de 5 mètres. Mais aussi des Grosses grives et des Merles à lunettes.

 

Un matin, une Grive à pattes jaunes cherchait des proies sous les arbres sur un sol dénudé et le 20 octobre, un nouvel arrivant : un Trembleur brun. Depuis le 12 octobre et ensuite en continu, deux Ramiers à cou rouge se nourrissent sur deux énormes grappes de fruits de palmier royal (pas murs faute de mieux !) et en défendent l’accès face aux grives et pipirits. Je note que les palmiers exotiques à petits fruits - palmiers royaux, Ptychosperma - constituent une source de nourriture alternative précieuse pour ces oiseaux frugivores forestiers. En 8 ans, c’est la première fois que je vois installés dans le jardin Grives fines et Grosses grives, Trembleurs, Merles à lunettes et Ramiers à cou rouge. Ces arbres ainsi que les Caliandra résistent bien aux cyclones.     

 

Nicolas Barré, le 10 octobre 2017                      

11 mai 2017 4 11 /05 /mai /2017 14:13

Quelques mots reçus au fil des jours, livrés en toute simplicité...

Cliquez là !

Petits mots pour un grand bonhomme
8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 20:04
Coucou manioc et kio, Beaugendre ensorcelée, bassin carrelé et coeur serré

Coucou manioc et kio, Beaugendre ensorcelée, bassin carrelé et coeur serré

Jacques a dit beaucoup de choses dans sa vie. Tout au moins j'ai beaucoup entendu, dans les nombreux instants partagés.

 

Jacques c'est Jacques Fournet. Je sais que c'était un grand botaniste mais ce n'est pas à un botaniste que je pense quand je pense à lui.

 

Il a dit beaucoup, mais jamais trop souvent, jamais en se répétant. Juste ce qu'il fallait. Et tout le monde l'écoutait.

 

Il disait des choses des plantes c'est vrai. Imaginez qu'il pouvait citer le nom de presque toutes les plantes qui habitent dans le beau pays de Guadeloupe. En français, en latin et parfois en créole si le mot existait. 

 

Lorsqu'en janvier dernier il a parlé de son parcours, lors de l'hommage rendu à l'initiative du Conservatoire botanique, sa conclusion a été la suivante : "Ah c'est vrai que maintenant j'ai un peu tendance à oublier le nom des plantes. Heureusement que j'ai fait une flore, je peux regarder dedans !".

 

Mais il disait aussi des choses de toutes sortes. Des blagues chuchotées à l'oreille pendant les réunions. Des anecdotes sur les collègues (avec malice mais jamais méchanceté). Des opinions politiques étayées. Des choses sur l'entraide.

 

Jacques a dit ne pleurez pas. Le Toto-Bois essaie. Et si une larme roule, ce sera pour glisser sur les feuillages de la forêt.

 

Un souvenir en images

 

 

6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 20:14
Pastel de Jean Chevallier - 1999

Pastel de Jean Chevallier - 1999

Les interviews pas du tout imaginaires du Toto-Bois.

 

Où l'on se rend compte qu'aucune vérité n'est jamais acquise.

Hé bien aujourd'hui, chers fidèles lecteurs, nous allons parler d'un sujet passionnant : moi ! Le phénix des hôtes de ces bois, j'ai nommé le Toto-Bois, Tapé, Tapeur, Pic de la Guadeloupe, Melanerpes herminieri (en latin dans le texte).

 

Ceux qui ont suivi mes aventures et dont la mémoire ne flanche pas vous diraient :

 

"Le pic habite dans les forêts et zones boisées de la Basse-Terre et dans les Grands-Fonds en Grande-Terre. Il n'est pas capable de voler à découvert sur plus de quelques dizaines de mètres, et c'est pour ça que les deux populations sont maintenant isolées".

 

Je dis bravo, c'est déjà bien d'avoir mémorisé tout ça. 

Mais ne voilà ti pas que pas plus tard que le dimanche 5 février, ces certitudes se sont effondrées, tels les glaciers sous l'action du réchauffement climatique.

 

Je vais donner la parole aux trois mousquetaires, ils sauront mieux que moi vous raconter l'affaire.

D'Artagnan (Anthony), Athos (Antoine) et Aramis (Alexandre). Que des A vous l'aurez noté. Portos était absent, c'était son jour de RTT.

Toto-Bois - Anthony, peux-tu m'expliquer où tu te trouvais hier, et ce que tu as vu d'extraordinaire ?

 

Anthony - Nous venions d’emprunter le petit chemin au sud de Goguette, au bord de la N6, qui se situe environ à mi-distance entre les bourgs de Port-Louis et d’Anse-Bertrand. C’est ce chemin qui mène aux marais de Port-Louis. J’ai alors aperçu une silhouette familière, en vol au-dessus du chemin : un Tapeur ! Ce qui est troublant, c’est qu’il a volé sur près de 400 mètres à découvert ! Et ce n’est pas tout, vous savez quoi ? Et bien ce Tapeur il avait le vol ondulant typic des piques ! [Pas pu résister, ndlr]. J’avais déjà eu l’occasion de le voir voler ainsi deux ou trois fois mais j’étais seul et avec mon faible pour les jus locaux je n’en parlais pas trop…

 

Toto-Bois - Antoine, confirmes-tu les dires d'Anthony ? N'avait-il pas, comme ça lui arrive parfois, abusé du jus de gwozey péyi ?

 

Antoine - On a rarement besoin de confirmer les observations d’Anthony ! [fayot, ndlr] mais il nous laisse les partager avec lui…

Il était au volant de son Duster, à regarder en l’air - ce qui n’est pas très rassurant quand on est passager  ;-) Tout à coup je ne sais pas quelle mouche le "pique", il s’écrie "PIC, PIC, PIC" alors qu’un toto-bois passe devant nous. Je ne réalise pas tout de suite l’engouement d’Anthony le cocheur pour cette observation de pic endémique, mais commun en Guadeloupe. Je suis à la jumelle l'individu qui, après s’être posé dans un arbre, se fait chasser par un Quiscale merle et continue sa route vers le nord.

 

"Gamin, c’est l’observation la plus nordique de cette espèce" me dit-il ! En effet, les données les plus proches au sud sont toutes de Beautiran à Petit-Canal, par Frantz, Eric et d’Artagnan justement.

 

Ce n'était pas un oiseau rare, mais c’était beau quand même…

 

Toto-Bois - Alexandre, qu'as-tu à ajouter pour finir de nous convaincre de la véracité de cette observation ?

 

Alexandre - Il s'agissait de ma deuxième sortie avec Amazona, au programme du jour : les oiseaux des marais. Résidant en Guadeloupe depuis peu, j'ai appris dernièrement que le Pic pouvait se laisser observer jusqu'aux Abymes. Je ne m'attendais donc pas à le voir à Port-Louis. Comme l'a dit Antoine, Anthony est devenu fou lorsqu'il a vu le Pic pour sa première apparition. J'étais à l'arrière, je n'ai rien vu... En revanche, lorsqu'il s'est montré pour la deuxième fois, j'ai pu bien le voir et il m'a effectivement fait penser aux pics métropolitains s'éloignant au loin, à découvert et en ondulant. C'était mon premier contact avec la bête, il était un peu loin, mais à en croire les connaisseurs, cette observation est particulière, présence la plus au Nord jamais constatée et vol ondulant rarement observé !

Vous savez donc ce qui vous reste à faire. Lever le nez le plus souvent possible lorsque vous vous trouvez en Grande-Terre, dans l'espoir de porter votre pierre à l'édifice de la connaissance. Evidemment cette découverte pose de nouvelles questions, mais c'est toujours comme ça. Par exemple, est-ce que les pics du nord ont dans le coeur le soleil qu'ils ont aussi dehors ?

 

C'est  à se demander si on ne ferait pas mieux d'arrêter de se poser des questions, et ainsi s'approcher au plus près de la vérité. 

11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 18:25
... c'est une belle histoire...

L'occasion était trop belle. 

 

Vingt-cinq ans que les Tortues marines sont protégées en Guadeloupe, il fallait marquer le coup.

 

Cinq copains ont décidé vite fait sur le zing d'un bar d'écrire une histoire illustrée. Chacun a apporté sa petite pierre à l'édifice, et en moins de temps qu'il ne faut à une Tortue imbriquée pour brouter une Aplysina fistularis, le scénario était posé. Deux mois plus tard le bébé était là. Un livret d'une vingtaine de pages sur ce qu'est la vie d'une Tortue imbriquée. Où du moins sur ce qu'on en connaît à ce jour.

 

Pour télécharger cette merveille, cliquez .

 

Moi je dis chapeau, et j'aimerais bien faire l'objet d'une telle attention, un livret sur le Toto-Bois, vous imaginez ?

30 juillet 2015 4 30 /07 /juillet /2015 21:31
Tête à tête entre Pterodroma hasitata et Adam Brown.

Tête à tête entre Pterodroma hasitata et Adam Brown.

"Cent fois sur le métier tu remettras ton ouvrage". Ce n'est pas moi qui le dis, mais le poète Nicolas Boileau. Toto-Bois l'eau ? 

 

Pas plus tard qu'il n'y a pas longtemps, je me demandais ce que nous pourrions bien vous offrir pour le centième article dans le blog du Toto-Bois. Je séchais un peu dois-je dire.

Eh bien voilà, j'ai trouvé. Nous vous offrons l'espoir !

L'espoir de retrouver un oiseau peut-être disparu de Guadeloupe. Une espèce emblématique, signe un peu diabolique, un peu poétique. Le Diablotin.

Toto-Bois, centième !

Peut-être avez-vous suivi nos tentatives pour retrouver ce petit Pétrel, qui n'a pas été signalé sur la terre de Guadeloupe depuis... plus de cent ans (hum, je dois vérifier le nombre exact d'années).

Quête du Graal, version 2007. Le nez de Pascal, au Nez Cassé.

Quête du Graal, version 2007. Le nez de Pascal, au Nez Cassé.

Jetez un oeil là-dessus. 

http://caribbeannewsservice.com/now/one-of-the-worlds-most-rare-seabirds-rediscovered-on-dominica/

 

Le scoop. La Dominique est à un jet de pierre. Beaucoup de points communs. Et voilà-ti pas qu'ils viennent d'y re-découvrir le diablotin après plus de 150 ans d'absence. L'oiseau était parfois entendu et observé en mer. Mais là, radar et jumelles infra-rouge ont permis de l'observer à terre. Reste à découvrir les lieux de nidification.

 

 

C'est pas demain la veille qu'ils sauront là où je crèche.

C'est pas demain la veille qu'ils sauront là où je crèche.

Je le déclare sollennelement ici. Très forte récompense (cotisation AEVA à vie, avec carte de membre originale et personnalisée) à qui apportera des éléments de preuve que le Diablotin n'a pas disparu de nos terres. Que les falaises du Nez Cassé peut-être peuvent encore l'héberger.

Certes il vous faudra du courage. Affronter les sentiers mal pavés, et pas éclairés. Tendre l'oreille. Supporter l'ondée et le froid de l'altitude. Et supporter surtout l'incertitude.

 

A bientôt. Pour le 101ème !

21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 08:23
A Viard, les mouettes atriciles se délectent des invertébrés qui se développement sur les échouages.

A Viard, les mouettes atriciles se délectent des invertébrés qui se développement sur les échouages.

Ne croyez pas que je veuille vous saper le moral.

 

Il n'est pas certain que le phénomène sargasses garde toute son ampleur dans les années à venir.

 

Mais il n'est pas certain non plus que ça s'arrange !

 

Etant d'un naturel curieux, je me suis invité à une réunion au sommet la semaine dernière. Perché sur le rebord de la fenêtre, j'ai pu suivre les explications de la DEAL (environnement), de l'ARS (santé) et de l'ADEME (financement d'actions). Si ce n'est que la terre s'est mise à trembler pendant que je me concentrais sur le sens du courant équatorial, je pense avoir à peu près compris. Je vous livre ce qu'a saisi ma cervelle d'oiseau.

Un peu d'histoire tout d'abord.

 

2011 - Premiers échouages massifs de sargasses en Guadeloupe. Le phénomère dure de juillet à octobre.

2012 - Même scénario, d'avril à octobre.

2013 - Rien !

2014 - A nouveau des échouages, cette fois de juillet à décembre.

2015 - Les choses se gâtent, année maudite mes frères. Ca a repris fin février, avec une ampleur jamais vue de mémoire de Pélican.

Moi je veille au grain, et j'avertis les services de la commune si elles arrivent.

Moi je veille au grain, et j'avertis les services de la commune si elles arrivent.

A retenir pour l'interro écrite : avant 2011, les sargasses étaient si peu nombreuses dans nos eaux qu'elles ne s'échouaient pas. Quelques petites touffes pouvaient traîner en mer, mais pas de quoi casser trois pattes à un Diablotin.

On embraye avec un peu de géographie et de climatologie (c'est bien la peine d'être en vacances).

 

Les sargasses naissent dans le Golfe du Mexique, puis - en passant par le sud de la Floride - rejoignent le vortex du Triangle des Bermudes (où elles côtoient les monceaux de bois et plastiques qui s'y accumulent également, mais ceci est une autre histoire).

 

Ce Triangle des Bermudes, c'est ce que le commun des mortels (vous) appelle la Mer des Sargasses. Dans le temps (avant 2011), des petites quantités de sargasses voguaient vers le sud et fréquentaient de façon très discrète les eaux des petites Antilles.

 

C'était nickel en ce temps-là.

C'était nickel en ce temps-là.

Mais voilà qu'en 2010, il se passe quelque chose de bizarre. Deux choses bizarres même.

 

Le pot-au-noir (à ne pas confondre avec le pot-aux-roses) s'est beaucoup renforcé. Le pot-au-noir (aussi appelé zone de convergence inter-tropicale ou ZIC) est une ceinture d'air à basses pressions, qui entoure la Terre près de l'équateur. Cette zone est appelée pot-au-noir par les marins, car elle est synonyme de situation peu claire et dangereuse.

 

Cette ZIC fait habituellement quelques centaines de kilomètres de large, et sa position évolue légèrement selon la période de l'année. 

 

Et alors, quel rapport avec les sargasses ? J'y viens, un peu de patience.

 

La Guyane est également concernée par le phénomène. Mais là, c'était avant.

La Guyane est également concernée par le phénomène. Mais là, c'était avant.

Au voisinage du pot-au-noir,  les vents sont faibles dans les basses couches de l'atmosphère. Ca crée comme qui dirait des calmes équatoriaux. Pétole.

 

En 2010 donc, ce pot-au-noir devient beaucoup plus large que d'habitude. Onlo ptéol ! De quoi bloquer le transit des sargasses.

 

On dirait que c'est ce qui s'est passé en 2010 : les algues se sont accumulées dans cette zone de calme, au nord-est du Brésil. Dans le même temps, il s'est passé un deuxième truc bizarre.

 

En temps normal, il existe un courant équatorial qui va vers l'ouest, et qui repousse donc les sargasses qui seraient dans le secteur. Ce courant est contrebalancé par un léger contre-courant qui va dans l'autre sens, vers l'est. Eh bien vous me croirez ou pas, en 2010 ce courant a été un peu plus fort que d'habiture, ce qui a encore plus empêché les sargasses de repartir vers l'ouest.

Résumé des faits pour 2010 : un gros paquet de sargasses stagne au nord-est du Brésil.

 

Toujours pas de rapport avec la Guadeloupe. La vie n'est pas simple, je vous l'ai déjà dit.

Ibis sacrés regardant passer les nutriments dans l'Amazone, sur l'île de Marajo.

Ibis sacrés regardant passer les nutriments dans l'Amazone, sur l'île de Marajo.

Il se trouve que dans cette zone du Brésil, le gros fleuve Amazone déverse ses eaux, chargées en nutriments. Et que cette interaction entre les nutriments et les sargasses a causé leur énorme prolifération. Nitrates et phosphates fournis par le fleuve ! Cerise sur le gâteau, 2015 est également une année anormale pour ce qui est des brumes de sables. Ce phénomène est intense depuis deux à trois mois et sans répit. Et ces brumes déposent des quantités importantes de nitrates, phospahtes et fer, tout ce qu'aiment les sargasses.

 

La suite on la connaît. Le courant Caraïbe fait voyager ces algues, qui viennent maintenant apporter une touche de déco à certaines parties du littoral.

Enfin de nouvelles teintes dans la palette du peintre. Ocre, rouge et brun. Ici, à Marie-Galante.

Enfin de nouvelles teintes dans la palette du peintre. Ocre, rouge et brun. Ici, à Marie-Galante.

Les questions que je me pose sont les suivantes :

 

Est-ce que les apports de nutriments de l'Amazone ont été plus forts en 2010 que par le passé ? Certains en effet mettent en cause la déforestation, qui aurait pour conséquence un apport accru de nitrates et de phosphates dans le fleuve. Mais je me dis que malheureusement, la déforestation ne date pas d'hier, ni d'avant-hier. Y aurait-il eu un effet de seuil ? Ou alors, le taux de nutriments normal de l'Amazone aurait-il de toutes façons suffi à booster les algues ?

 

Est-ce que cette énorme masse d'algues au large du Brésil a tendance à se réduire ? Puisque le renforcement du pot-au-noir et du contre-courant - causes premières de l'accumulation - ne se sont pas renouvelés, peut-être y a-t-il une chance que l'intensité du phénomène diminue globalement ? Et qu'à moyen terme, les impacts sur notre petite île soient moins importants ?

 

Comment se fait-il que l'espèce de sargasse dominante aux Antilles ne soit pas la même que celle du Triangle des Bermudes ? Deux espèces co-existent aux Bermudes : Sargassum natans (90%) et S. fluitans (10%). Aux Antilles, seule S. fluitans a été observée jusqu'à maintenant.

 

Pourquoi ne s'est-il rien passé en 2013 ? 

 

 

 

Un oeil exercé repèrera un petit banc de S. fluitans juste derrière l'îlet.

Un oeil exercé repèrera un petit banc de S. fluitans juste derrière l'îlet.

En conclusion, plus on en sait, et plus des questions se posent. C'est tout le temps comme ça depuis Galilée, il n'y a pas de raison que ça cesse.

C'est bien parce que c'est vous, je me suis fendue de deux petits dessins pour résumer l'histoire.

Sargasse d'un jour, sargasse toujours ?
Sargasse d'un jour, sargasse toujours ?

La suite de la réunion a été consacrée à l'impact potentiel de l'accumulation de ces algues sur la santé humaine et la santé animale tout court, et sur la façon de traiter le problème localement. Le sujet est vaste. Si vous me le demandez gentiment, un article fera suite à celui-là, lorsque des projets de collecte et de valorisation de cette biomasse auront vu le jour.

 

Il n'est pas interdit d'être optimiste !

14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 10:15
Je n'ai pas mangé de sac en plastique...

... mais j'ai quand même sauvé une Tortue !

 

Efin quand je dis "je", je me vante. Je n'étais pas seul.

Retour sur les faits.

 

Comme nul ne l'ignore, les puces se tiennent au Moule le deuxième dimanche de chaque mois. En tant que Pic, je ne m'interdis pas les puces (j'en ai d'ailleurs parfois quelques-unes dans mon noir plumage).

 

Je baguenaudais donc, en compagnie des mes amies Alex et Aude, qui terminaient tout juste leur patrouille Tortues marines. Bredouilles après une nuit sur l'anse de Lavolvaine, dans le grand Nord (de la Grande-Terre). Bredouilles pas tout-à-fait, puisqu'elles virent un OVNI. Et je témoigne sous serment qu'elles n'étaient sous l'influence d'aucune substance particulière - si ce n'est leur dose quotidienne de vent du large. Mais de Tortues, point. L'OVNI fera probablement l'objet d'un article à venir.

 

J'étais sur le coup du siècle. Un plein bocal de vermisseaux en conserve pour seulement un Euro. Ce sont mes oisillons qui auraient été contents.

 

Je n'ai pas mangé de sac en plastique...Je n'ai pas mangé de sac en plastique...Je n'ai pas mangé de sac en plastique...

Mais le destin en a décidé autrement. Est-ce que vous croyez au destin ?

 

Là n'est pas la question. Le téléphone d'Alex fit entendre sa sonnerie cristalline. "Allo, ici Captain Chabrolle, coordinateur réseau Tortues. La gendaremerie du Moule me signale un individu en détresse sur le front de mer. Go go go". Ces mots à peine prononcés, je pus constater le dévouement sans limite des Turtle Shepherds. Renonçant immédiatement à l'achat d'escarpins (2 Euros) pour se précipter sur les lieux. Qui par chance étaient à deux pas. A proximité de la station service du bord de mer. 

 

Destin encore me direz-vous, la gente masculine du réseau avait aussi décidé de chiner aux puces. Thierry et Pierre nous rejoinrent donc dans des délais à faire pâlir de jalousie le SMUR ou autres pompiers. 

La scène de crime. ManGinette est arrivée on ne sait comment dans ce piège.

La scène de crime. ManGinette est arrivée on ne sait comment dans ce piège.

Elle ne semble pas blessée.

Elle ne semble pas blessée.

Alex explique que non, on ne touche pas les tortues, même à Malendure.

Alex explique que non, on ne touche pas les tortues, même à Malendure.

Sauf bien sûr si on est estampillé Réseau Tortues (formation en musculation offerte).

Sauf bien sûr si on est estampillé Réseau Tortues (formation en musculation offerte).

Sérieuse préparation du baguage.

Sérieuse préparation du baguage.

Proverbe que je propose à Hector Poullet : "On toti lou kon on boukèt mò".

Proverbe que je propose à Hector Poullet : "On toti lou kon on boukèt mò".

Ici la prise est sure.

Ici la prise est sure.

Et voila, dame ManGinette est prête pour le grand jeu.

Et voila, dame ManGinette est prête pour le grand jeu.

Mensurations svp.

Mensurations svp.

Bague à tribord.

Bague à tribord.

Bague à babord.

Bague à babord.

Photo-identification (votre compte est bon, estimez-vous heureuse d'avoir échappé au prélèvement d'ADN).

Photo-identification (votre compte est bon, estimez-vous heureuse d'avoir échappé au prélèvement d'ADN).

La coopération est totale avec les forces de l'ordre, on est vernis !

La coopération est totale avec les forces de l'ordre, on est vernis !

Il est temps que ManGinette retrouve son petit chez elle : l'océan.

Il est temps que ManGinette retrouve son petit chez elle : l'océan.

Thierry a filmé cet instant  https://youtu.be/SNG0Cy-Wp-Q

 

Nous saluons ici le monsieur qui a prévenu la gendarmerie. Nous espérons qu'il lira ces lignes car nous n'avons pas eu le temps de le remercier.

 

Crédits photos (ça fait chic) : AEVA, Kap Nat'... Le réseau en marche !

30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 10:04

Mythe ou réalité ?

 

Volant ou soucougnan ?

 

Un oiseau cher à nos coeurs, probablement parce que porté disparu de Guadeloupe.

 

Disparu c'est vite dit. Certains d'entre nous, parmi les plus fous (folles), croient encore à ce diable.

 

diablotin-1.jpg

 

 

Pétrel Diablotin. Diablotin errant. Pterodroma hasitata.Oiseau de mer de la famille des Procellariidae.

 

Come back au siècle dernier. La Bible en la matière (Raffaele et al., 1998) nous dit, à peu de choses près : "Mes biens chers frères, le Diablotin émet trois cris distincts, dont l'un ressemble à la plainte d'un jeune chien blessé". Cette particularité, ainsi que sa façon de voleter en tous sens, lui auraient-il donné sa réputation de diable ?

 

Revenons à des considérations moins théologiques, et un peu plus ornithologiques que diable ! (pardon ça m'a échappé).

 

Cette espèce est classée au niveau mondial par l'UICN comme en danger d'extinction, et en danger critique d'extinction au niveau régional. Eradiqué de Guadeloupe où un tremblement de terre avait rasé sa dernière colonie du Nez Cassé au 19ème siècle, survivante de chasses mémorables au chien et au bâton décrites depuis le Père Labat, elle a été considérée comme éteinte de ce monde. Redécouverte à Haïti par David Wingate, en 1963 volant la nuit aux alentours de la Montagne de la Selle, ce n’est que depuis les année 2010 que ses sites de nidification sont bien connus grâce à l’usage de techniques de détection élaborées (radar mobile, caméra thermiques,…). Mais aussi ses zones de prospections pélagiques nouvelles au large du Vénézuela grâce à un suivi par satellite en 2014. Ce n’était pas son coup d’essai, David étant déjà le redécouvreur et spécialiste du proche cousin du Diablotin, le Pétrel de Cahow, qui nichait sur moins d’un ha aux Bermudes, après 300 ans d’extinction supposée !

 

L'espèce niche dans des crevasses ou des trous situés dans des falaises escarpées et boisées, entre 1500 et 2 000 mètres d'altitude. Un biotope qui ne court pas les rues me direz-vous. Les rues non, mais les pentes de la Soufrière, pourquoi pas ? La face sud du Nez cassé pourrait être propice, et être le théâtre des retours nocturnes de ces oiseaux, qui passent leurs journées à driver en mer.

 

Vu-de-la-Soufriere-Guadeloupe.jpg

 

A 6 reprises entre dans les années 1990 et jusqu’au milieu des années 2 000, menées par leur pasteur Philippe, les troupes d'AEVA ont fait le pèlerinage nocturne sur les pentes de la Soufrière. Ils ont sué sang et eau, ont essuyé des pluies froides, traversé des torrents en crues, ont trébuché dans les sombres sentiers, en se raccrochant aux branches des arbres abattus par un  cyclone, ont tendu l'oreille, ont espéré... et s'en sont toujours retournés bredouilles mais le cœur content de l'aventure. Enfin, presque tous car certains étudiants de l’Université n’ont jamais retrouvé les forces (ou le courage ?) pour participer à de nouvelles sorties d’AEVA. La rumeur s’en est répandue jusqu’au pays de deux autres Pterodroma, le Pétrel de Barau et le Pétrel noir de la Réunion, où le spécialiste local de ces volatiles, Mathieu Le Corre, racontait encore 10 ans après l’histoire de ses étudiants réunionnais qui avaient été emmenés par quelques fous la nuit sur les pentes de la Soufrière. 

 

 

Petite-Terre-TdH-Tournepierre-2102.jpg

 

Et ne voilà-t-il pas que Marion, une de nos sympathisantes, qui répond au surnom de "Marouette ponctuée" (ceci est une autre histoire, déjà racontée sur ce blog). Je disais donc, la Marouette s'était mis en tête de voir tout un tas d'oiseaux avant son départ de Guadeloupe. Madame s'était prise de passion pour l'ornithologie, allez comprendre pourquoi. Elle et ses fidèles amis, arpentaient la mer en quête de Baleines à bosses. Je vous livre les récits successifs d'Antoine et Marion, chacun dans leur style. Suivis par un débriefing d'Anthony Levesque, qui a accepté de nous livrer ici le détail de ses observations en mer.

 

Antoine


"Pour tout amoureux d’ornithologie, l’observation de certaines espèces d’oiseaux est de l’ordre du privilège, le pétrel diablotin en fait partie.

 

Autrefois nicheur sur les pentes herbeuses de la Soufrière en Guadeloupe, le pétrel Diablotin Pterodroma hasitata est un oiseau pélagique qui passe la plus grande partie de sa vie en pleine mer.

 

La seule manière d’observer cet oiseau, comme bien d’autres oiseaux marins, est de scruter durant des heures depuis le haut d’une falaise, le passage éventuel d’un oiseau au loin entre les vagues.

 

Pour ma part, le simple nom de "Diablotin" résonne comme un mythe qu'il faut découvrir.

 

Plus qu’une simple vigie, c’est une véritable traque depuis les meilleurs sites d’observation en mer de Guadeloupe, que sont la Pointe des Châteaux, l’ancienne station météorologique de la Désirade ou le phare de Petite Terre. La prise de renseignement auprès de pêcheurs qui auraient aperçu cette espèce fait partie du dispositif de recherche de l’espèce. Mais cet oiseau solitaire est comme un fantôme dans les eaux de l’archipel guadeloupéen…, dont les mois de décembre, janvier et février sont les plus propices d’après les données historiques.

 

Il est un proverbe qui dit que « tout vient à point pour qui sait attendre… »

 

Les membres de l’association OMMAG connaissent bien ce proverbe, eux qui passent des heures en mer en quête d’un souffle, d’une dorsale ou d’un lointain chant de baleine résonnant dans les profondeurs abyssales.

 

img231.jpg

 

Le samedi 8 février 2014, Nelly, Marion, Laurent et moi-même embarquons depuis le port de la Désirade, pour une mission de recherche des premières baleines à bosses.

 

Notre capitaine Dany nous propose de prospecter la côte nord et est de la Désirade. Nous espérons désespérémment nous rapprocher d’un mâle de baleine qui manifeste vocalement sa présence.

 

 

img808.jpg

 

Cette pérégrination à travers une mer formée nous amène dans le canal situé entre la Désirade et Petite Terre. Positionné à l’avant du zodiac, je scrute l’horizon quand, j’aperçois planer au dessus des vagues un oiseau marin qui poussé par le vent, glisse dans notre direction. Non ce n’est pas un mirage…. DIABLOTINNNNNNN, DIABLOTINNN, DIABLOTINN, les autres passagers qui n’ont pas repéré l’oiseau comprennent difficilement l’émotion qui s’empare de moi, jusqu’à ce que l’oiseau croise notre embarcation à quelques dizaines de mètres.

 

Sans un battement d’ailes, le pétrel nous présente l’ensemble de son plumage gris, blanc et noir et s’éloigne vers le nord.

 

Quand on sait que notre mentor guadeloupéen (Anthony Levesque) a passé près de 760 heures, accroché à sa longue-vue avant d’apercevoir son premier Diablotin depuis Petite Terre, on comprend mieux le privilège de cette observation.

 

Bien que furtive, cette observation est avant tout le tout le fruit d’une rencontre et du partage d’émotion entre amoureux… de la nature."

 

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Marion

"Le concours du premier à voir le Diablotin se lance avec les piafologues fous d'Amazona... Je me prends au jeu avec les amis Antoine et Anthony. Plusieurs tentatives infructueuses, depuis Petite Terre, la Pointe des Châteaux, la Désirade... l'enthousiasme et la complicité sont toujours au rendez-vous, mais point de Diablotin.

 

Puis un jour, après une nuit passé au gîte de Man Pioche, j'embarque pour une équipée d'enfer avec les amis de Mon Ecole Ma Baleine et de l'OMMAG. Très bon moment, on entend les mâles des baleines à bosse chanter... pour certain, c'est une première fois ces chants de mammifères...

Tour de Désirade, ça papote dans la joie et la bonne humeur.

 

Petite-Terre-Desirade-2012.jpg

 

Et là, entre Petite Terre et Désirade... Antoine hurle de joie... DIABLOTIN!!!! Sa joie est partagée, il tremble de partout c'est un grand moment à bord... quelques secondes d'observation puis les sourires s'échangent, valant tous les oiseaux et baleines de la terre !!!

 

L’oiseau était majestueux, planait juste au-dessus de l'eau, libre.

 

Archipel magique qui réunit les amoureux de la nature.

 

Plus qu'une simple coche, des moments de partage inoubliables, un défi relevé, une promesse tenue et le souvenir exceptionnel d'une rencontre avec un oiseau rare gravé comme de la radiolarite à son substratum ou d'un brinic à son granit".

 

 

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Anthony


"En gros ma première obs date du 7 janvier 2004 et depuis en 770 heures de seawatch (assis sur mon petit caillou devant la falaise à l'est du phare), j'ai vu en tout une trentaine de Pterodroma dont 12 hasitata certains et les autres très probables mais trop loin...
 
Grande grande émotion forcément, après 2 siècles "sans obs" dans notre département... je m'en souviendrai toujours, j'allais terminer une mission de Petite Terre et je me suis dit "allez un dernier quart d'heure de seawatch !" C'était en plein cagnard à 13h45 et j'étais fou de joie... c'était un rêve absolu, j'y croyais pas trop en fait, je ne pensais pas que c'était possible...
 
770 h ça fait quand même l'équivalent de plus de 2 mois assis sans bouger du matin au soir sur un caillou le nez dans la longue-vue..."

 

 

Pour conclure 

 

Depuis 2008, à l’initiative du groupe des oiseaux marins de la Société caribéenne d’ornithologie (=BirdsCaribbean), a été créé un groupe de travail puis un comité international qui traite des questions de conservation de cette espèce. Il permet d’échanger de nombreuses informations notamment sur els prospections en cours et est ouvert à toute personne intéressée par l’espèce. Il est animé par Jennifer Wheeler. 

14 février 2014 5 14 /02 /février /2014 10:12

Petite-plante.jpg

 

Quand le Toto-Bois a une idée en tête, il ne l'a pas ailleurs.

L'archipel de la Désirade continue donc à constituer mon addiction principale (juste après Madame Toto, nous sommes tout de même le 14 février).

 

Le concours est lancé, avec un seul mot d'ordre : captez ce que vous percevez de plus beau dans la nature de l'archipel, qui (petit rappel pour les cancres), est constitué de La Désirade continentale (!) ET des îles de la Petite Terre.

 

Sur terre, sous l'eau, en l'air, tout est permis. Enfants, ados, adultes, tous bienvenus.

 

Pas plus d'un dessin et d'une photo par participant, à envoyer par mail avant le 15 juin, à concoursnature.desirade@yahoo.com

 

Pour plus de détails, le règlement a été déposé au fond de mon nid, mais le plus simple est de télécharger en cliquant ici.

Ainsi que l'affichette de présentation du concours.

 

Merci à nos partenaires dans l’organisation de ce concours : la Municipalité et l'Office du Tourisme de l'archipel de la Désirade, l'association Titè, l'ONF, Uhaïna croisières, l'Aquarium de la Guadeloupe, les cartes découverte Chemin Bleu.

 

Allez hop, déballez vite vos appareils, crayons, pinceaux.

Il ne vous reste que 121 jours pour nous envoyer l'image de l'année !

11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 16:56

Moi, pauvre Toto-Bois, j'ai beaucoup de travail en ce moment.

Réfléchir à l'aménagement de mon prochain trou de nidification.

Suivre une formation à l'extraction des vermisseaux sous les écorces.

Passer au contrôle technique des 2 000 heures de vol.

 

Bref, tout ça pour dire que je n'ai pas pu répondre à une invitation alléchante. Il s'agissait de participer aux observations d'oiseaux de mer autour de Désirade. Pourtant, toute la fine fleur était là. Que des gens sympathiques ! Deux bateaux affrétés pour l'occasion.

 

Mais étant d'un tempérament altruiste (mais si), j'ai dépêché deux fins limiers sur place pour espionner ce qui pouvait l'être, et moucharder pour les fidèles lecteurs de ce blog.

 

Je laisse donc le Siffleur d'Amérique (Thomas qui d'autre ?) et l'Océanite cul-blanc (alias Pierre-Yves) et lnous conter cette journée du 7 février.    

 

La-De-siradienne-de-Tite-.JPG

 

"L'union fait la force, c'est bien connu. C'est donc avec enthousiasme et  l'œil alerte que nous autres, volatiles Aevistes, avons embarqué au pipirit chantant aux côtés de nos valeureux compagnons de Titè, AMAZONA et de l'OMMAG. 

 

DSCN1357.jpeg

 

C'est d'abord sur les terres - ou plutôt devrais-je dire les eaux - de mon compère l'Océanite cul-blanc que nous nous sommes aventurés, sur la côte nord de la Désirade. Un bien beau domaine je dois le reconnaître : une mer d'un bleu intense, des falaises escarpées surplombant quelques plages de galets désertes. Un vrai repère pour pirates ! Par contre, côté oiseaux marins, on repassera... Bien sûr, nous avons été salués par quelques élégantes frégates et un non moins majestueux Balbuzard pêcheur... mais bon, pas de quoi me casser trois pattes !

Discordance-ge-ologique.JPG

 

Heureusement, la Désirade regorge de trésors et l'expédition ne fut pas vaine : une superbe discordance géologique (calcaire flirtant avec roche volcanique).

 

DSCN1332.jpeg

 

Et un groupe de dauphins qui fait un bout de chemin avec nous... ça valait le détour!

 

Marouette-superstar.JPG

 

Pour nous remettre de ces émotions, nous avons décidé de casser la croûte dans ma résidence d'hiver : la saline. Tous mes colocataires étaient là : Echasses, Bécasseaux et autres Chevaliers et même ma timide cousine la Sarcelle d'hiver. Mais quelle ne fut pas notre surprise lorsque les ornithos chevronnés d'AMAZONA ont découvert, au milieu de tout ce beau monde, un hôte hors du commun : une Marouette ponctuée !

 

Marouette

 

Hors du commun, c'est le moins que l'on puisse dire puisque ce lointain parent d'Europe n'avait tout simplement JAMAIS été observé en Guadeloupe et d'après nos sources, c'est seulement la deuxième observation pour tout le continent américain !"

 

DSCN1407.jpeg

 

Y’a pas à dire, la Désirade est vraiment une destination de plus en plus prisée. Selon les dires de mon compère l’Océanite, les oiseaux marins ne peuvent pas rester insensibles aux charmes de cette île. Il faudra donc retourner un peu plus tard dans la saison de nidification pour vérifier cette affirmation : affaire à suivre...".

 

DSCN1436.jpeg

 

Le team prenant la pose et le soleil.

22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 11:01

Petit-Bourg-Bel-Air-Novembre2013n-b.jpg

 

Du fond de ma forêt Basse-Terrienne, j'ai quand même entendu dire que d'ici quelques jours, la dernière feuille de l'éphéméride irait au panier. Pardon, au tri sélectif.

 

Il est donc question de l'année 2014 qui s'annonce. Le nouveau bureau d'AEVA a tenu son conseil de guerre. Un seul mot d'ordre : soyons fous ! Je dois dire que les idées ont fusé de partout, j'étais planqué sur la grosse branche du flamboyant et j'ai presque tout entendu.

 

A propos du bureau nouveau, vous pouvez allez voir un peu à quoi il ressemble en allant cliquer sur le trombinoscope.

 

L'année 2013 avait comme thème les 20 ans d'AEVA.

Il a été décidé à l'unanimité des voix (beuglements devrais-je dire) que le thème favori de 2014 serait la Désirade.

 

Mais pourquoi la Désirade me direz-vous ?

 

Comment est-il possible de se poser la question ! La Désirade offre tout ce dont un naturaliste peut rêver. De la beauté, de l'inconnu, de la poésie, de la douceur, de la violence, des couleurs, une Réserve, et... des Désiradiens.

 

Alors pour abonder ce thème, nous avons déjà qelques idées en tête, qui seront à concrétiser dans les semaines qui viennent. Dans le désordre : un exposé de Marion sur la géologie de la Réserve, un ou deux sujets de stage sur les Scinques et peut-être les Têtes à l'Anglais (Melocactus pour les puristes), un concours de la plus belle photo et du plus beau dessin de la nature Désiradienne, une sortie de 3 jours pour avancer sur les projets. 

 

Ensuite on verra ! 

 

Le bureau a également pris quelques bonnes résolutions. 

 

1- Proposer un planning des sorties et exposés.

2- Développer la vulgarisation scientifique et les supports pédagogiques.

3- Acheter deux bonnes paires de jumelles pour nos adhérents.

4- Faire une petite base de données des livres et autres docs intéressants en notre possession.

 

Comme c'est écrit, il y a peut-être ue chance pour que tout cela se concrétise !

 

A tous je souhaite beaucoup de bonheur pour les derniers jours de cette année, qui fut remplie d'actions et d'émotions partagées.

27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 20:20

Dome-Soufriere-Guadeloupe.jpg

 

Michel Feuillard est parti sous d'autres cieux, et d'autres fumerolles. Comme nous dit France-Antilles, il était né sur les pentes de la Soufrière il y a 82 ans. 

 

Salut et respect à cet homme bienveillant et discret, qui aimait ce volcan plein de caractère, et nous a beaucoup appris sur lui.

 

Et que le volcan garde encore longtemps cet aspect sauvage que nous aimons tant.

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  • : L'écho du Toto-Bois
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