Mon premier est une espèce protégée.
Mon second est doté de nombreux petits organes de défense (des piquants en quelque sorte).
Mon troisième est orné à l'âge adulte d'un appendice joliment nommé cephalium.
Et mon tout est l'une des fiertés de la Désirade.
Facile ! Vous avez tous deviné qu'il s'agit d'un cactus.
Tête à l'Anglais. Coussin de belle-mère. Melocactus intortus.
Fichtre, l'hospitalité n'est pas de mise chez cet Anglais-là.
En Tapeur consciencieux, je me suis renseigné sur son statut.
Selon les critères régionaux de l'UICN, l'espèce est classée en danger critique pour la Guadeloupe.
Horreur ! Ça signifie menacée de disparition. Y compris à Saint-Martin. A l’échelle de la région Caraïbe, c'est moins grave : préoccupation mineure, le risque de disparition étant faible. Il existe en effet des populations importantes de ce cactus sur certaines îles situées dans son aire de répartition, de Porto Rico à la Dominique.
Au niveau national, l'espèce est protégée par arrêté ministériel du 26 décembre 1988. En d'autres termes, toute manipulation de Melocactus est interdite, qu'elle soit ou non destructive. On touche avec les yeux !
On trouve assez peu de documentation sur ce cactus, tout ce qu'on peut dire pour la Désirade c'est que les populations ont fortement régressé depuis une petite trentaine d'années.
Qu'est ce qui a bien pu provoquer une telle dégringolade ?
Les prélèvements ? Les cabris ? Le fait même que l'espèce ait été déclarée protégée ? Difficile de le savoir.
Et comment y remédier ?
En cultivant des cactus et en les replantant ? En protégeant physiquement certaines zones ? En mettant un garde avec un fusil derrière chaque cephalium ?
En tous cas, chacun a un avis sur la question. Il devenait urgent de mettre toutes les bonnes volontés autour d'une table pour partager les connaissances et les idées. Une réunion s'est tenue tout récemment à l'initiative de la DEAL, elle a rassemblé ce qui se fait de mieux en matière de gestionnaires d'espaces naturels, de services de l'état et de la sphère associative. Les actions en cours ont été discutées et parfois recentrées. L'idée de mettre en place un véritable plan d'actions a même été émise, il n'y a pas de raison qu'il n'y en ait que pour les Tortues marines et les Iguanes tout de même !
Ca se discute.
Pour revenir à nos moutons Désiradiens, AEVA et Titè se donnent la main pour accueillir une stagiaire, dont la mission (elle l'a acceptée !) est d'imaginer et tester une méthode pour décrire la population de la zone Est, au sein et à proximité de la Réserve naturelle géologique.
Combien d'individus ? Quelle répartition des âges ? Quel lien avec la végétation et les menaces potentielles ? Quelle évolution dans le temps ?
Isabelle (dubitative) et son mentor Nicolas.
Premiers éléments de réponse sur la méthode courant mars, lors de la soutenance d'Isabelle à l'UAG.