2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 09:25

Cliché G. Pitrou

Je ne sais pas trop comment vous expliquer la chose.

Le 12 janvier dernier, Gilles Pitrou, un de nos fidèles, a trouvé dans son jardin un drôle de truc.
Translucide, allongé (4 mètres 30),... ne tournons pas plus autour du pot pour épargner les âmes sensibles : une mue de serpent.
Ne dramatisons pas, si la mue fait 4 mètres 30, la taille de son propriétaire devrait être comprise entre 3,5 et 4 mètres.
Comme Gilles est quelqu'un plein de bon sens, il a averti les naturalistes qui traînaient dans le coin et ailleurs, et a envoyé ladite mue au Museum pour identification.
Il s'agirait d'un python améthyste (Morelia amethistina)*, qui, vous l'aurez deviné, n'a strictement rien à faire dans le secteur. Il s'agissait d'ailleurs du secteur de Douville, commune de Goyave en Guadeloupe. Cette grosse bête aurait déjà été aperçue dans les parages il y a 2 ou 3 ans.

Comme son nom ne l'indique pas, ce python fait partie de la famille des Boidae. L'espèce est présente en Indonésie, Papouasie Nouvelle-Guinée et en Australie. Une encyclopédie en ligne nous indique qu'elle consomme principalement des oiseaux (horreur, des Pics ???), des chauves-souris et des rats. Qu'elle est de moeurs nocturnes, que les jeunes sont plutôt arboricoles et que les individus de grande taille vivent plus souvent sur le sol.


Détail des écailles de la tête - Cliché G. Pitrou


Ce genre d'introduction n'est pas si rare qu'on pourrait le penser. Un Boa constricteur (Boa constrictor), introduit de Dominique, avait été trouvé et 'exfiltré' de Petite Terre en 1995**. En 1995 toujours, un Python royal (Python regius) a été capturé (et haché menu) au morne Dubelley à Sainte-Anne***.

Revenons à notre mouthon améthyste. Plusieurs réunions se sont tenues à la DIREN. Comme on l'imagine, les services de la Préfecture étaient inquiets, tout en ne souhaitant pas affoler les populations (le vieux fantasme du serpent mangeur d'hommes). Un piège a été disposé (un tuyau de PVC de 4 mètres de long, appâté avec un rat). La surveillance et le relevé ont été assurés par l'ONCFS. En deux mois, seules quelques mangoustes ont fini dans le tuyau.  

Encore une introduction, volontaire ou accidentelle, qui souligne notre incapacité à contrôler ce qui entre sur le territoire. On peut penser qu'un terrariophile s'est procuré cet animal et l'a relâché ou laissé s'échapper, sans réfléchir plus de 3 secondes aux conséquences possibles sur les écosystèmes.


* Breuil M. & Ibéné B., 2008. Les Hylidés envahissants dans les Antilles françaises et le peuplement batrachologique naturel. Bulletin de la Société entomologique de France, 125 : 41-67.
** AEVA, 1997. Les oiseaux et reptiles des îles de la Petite-Terre (Guadeloupe).
(Convention CELRL et ONF), rapport AEVA n°16, 58 pp, mai 1997.
*** Fabrice A., 1995. Un serpent dans un jardin. France-Antilles, 13/11/1995, p. 5.
 
25 mai 2008 7 25 /05 /mai /2008 18:00



Notre précédent article sur les baleines à bec de Gervais nous a permis de découvrir l'existence d'une association qui s'intéresse aux mammifères marins, et qui 'sévit' en Guadeloupe depuis 2007. Il s'agit de l'association BREACH, implantée également en Méditerranée. Nadège Gandhilon et Etienne Girou viendront nous présenter leurs activités vendredi 30 mai à 18 heures à l'UAG (ou ça ?).

Le surlendemain, les courageux pourront chausser leurs baskets pour une sortie sur la trace de la rivière Quiock. Cette trace se situe au cœur du massif forestier du nord du Parc National de la Guadeloupe. Dans cette partie de la forêt ombrophile sub-montagnarde, la flore est très riche. Outre les grands arbres, on peut y observer deux espèces de palmiers, des orchidées, le vrai Bois l’encens, des lianes, des fougères, des mousses et de nombreuses autres espèces de sous-bois et de bord de rivière.

Comme d'habitude, on ne prend rien (sauf des photos), on ne laisse rien (sauf des empreintes)  et évidemment on ne tue rien (sauf le temps). Ce n'est pas de moi, c'est mon collègue le Pic de Trinidad qui m'a envoyé ces photos du Centre Nature 'Asa Wright', situé au Nord de l'île dans la vallée d'Arima.


Cliché C. Pavis


C'est lui mon correspondant à Trinidad (Chestnut woodpecker, Celeus elegans pour les latinophiles)
Cliché Dan Voydanoff
17 mai 2008 6 17 /05 /mai /2008 09:10
Fourmi-manioc-copie-1.jpg
Acropmyrmex octospinosus - Cliché INRA Antilles-Guyane

Fourmis-manioc (Guadeloupe), Bibijaguas (Cuba), Zampopos (Guatemala), Bachacos (Trinidad), Quemquem (Brésil), Leaf-cutting ants (USA). Jolis noms des fourmis Attines exclusivement présentes dans le nouveau monde. 

La fourmi-manioc Acromyrmex octospinosus a été signalée pour la première fois en Guadeloupe en 1954 à Morne-à-l'eau. L'origine de cette introduction n'est pas certaine, l'hypothèse la plus vraisemblable est l'introduction fortuite d'une femelle fécondée, apportée de Trinidad ou de Guyane. Quinze ans plus tard, elle occupait le quart de la Grande-Terre, en 1976, elle débarquait en Basse-Terre, en 1982 elle prenait ses quartiers au Lamentin, et en 2000, elle n'épargnait plus que le quart sud-ouest de la Basse-Terre. Aux Antilles, la fourmi-manioc n'est présente que sur les seules les îles de Cuba, Guadeloupe, Carriacou, Trinidad & Tobaggo. Les particuliers et les agriculteurs vous le diront, ses populations sont  très largement implantées dans les jardins, les friches, les zones cultivées.

Fourmi-manioc-ailees.jpg

Cette dispersion est rendue possible par l'essaimage de fourmis ailées, qui parviennent dans certains cas à fonder de nouvelles colonies.

Les ouvrières découpent des morceaux de végétaux (feuilles, fleurs, tiges, graines...), qu'elles apportent dans leur nid souterrain. Ces fragments végétaux servent de substrat à un champignon mycélien cultivé par les fourmis. 

Nid-fourmi-manioc.jpg

Meule de champignon souterraine


Substrat-Fourmi-manioc.jpg

Préparation du substrat

Ces dernières réalisent des boutures du champignon, et le récoltent, pour se nourrir et nourrir les larves. Bénéfice pour les fourmis : apports de sucres, d'acides aminés, de stérols, accès à la biomasse cellulosique, détoxification de certains composés végétaux. Bénéfice pour les champignons : alimentation, protection, environnement stable. Des méthodes de lutte chimiques efficaces ont été mises au point, il s'agissait d'appâts très appétants que les ouvrières rapportaient dans les nids. Ces dernières s'empoisonnaient alors en mâchant les granulés, astucieusement confits au chlordécone. Cette méthode n'est plus disponible depuis de nombreuses années.

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Sauf que cette espèce est très polyphage, et ne se contente pas des fruits et légumes aimablement mis à sa disposition par la communauté humaine. Depuis une quinzaine d'années, elle a franchi le pas, et est désormais bien présente dans le massif forestier de la Basse-Terre. Elle cause des dégâts importants, et dans certaines zones une mortalité très importante chez les Fougères arborescentes du genre Cyathea. On a donc ici l'exemple d'une espèce introduite, qui a mis plusieurs décénies à atteindre les zones forestières et qui menace désormais un écosystème exceptionnel.

Le seul insecticide encore homologué pour lutter contre la fourmi-manioc est en passe d'être supprimé du marché, et il est de toutes façon illusoire de penser que la lutte chimique puisse être opérante dans les milieux naturels, où les nids sont difficilement accessibles. Sans compter que tout de même ce n'est ni sérieux  ni autorisé d'utiliser ce genre de méthodes dans la zone centrale du Parc National, où la fourmi-manioc est très présente.

La recherche s'est longuement penchée sur le cas de cet Hyménoptère, au risque de prendre un lumbago. La connaissance a progressé, mais rien n'a pu déboucher sur des méthodes de lutte altternative. Ces pestes de fourmis sont rétives à la lutte biologique, car pourvues de glandes exocrines qui secrètent des antibiotiques, efficaces contre bon nombre de bactéries ou champignons entomopathogènes.

Des essais réalisés à l'INRA en 1987 ont montré que la pulpe de calebasse fraîche avait un effet sur les nids : sur 10 nids traités, 3 furent tués, 3 déplacés et 3 temporairement 'déprimés'. Et le le dixième nid ? Ni chaud ni froid. Ces essais n'ont pas été poursuivis, la faisabilité de cette lutte ayant découragé les bailleurs de fonds.

La littérature récente mentionne des essais insecticides avec des matières actives non encore utilisées sur les Attines, ou avec des composés extraits de plantes. Les résultats sont peu concluants, et la réglementation française n'autorise pas l'emploi d'insecticides non homologués en Europe, même s'il s'agit de substances naturelles. Une publication brésilienne de 2003 met en évidence une souche de Bacillus thuringiensis (bactérie entomopathogène) efficace contre le genre Acromyrmex, mais depuis, plus rien.

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, et ces propos n'engageant que moi, je crois qu'il va falloir faire avec ces petites bêtes pendant quelques temps encore.

Sources
Febvay, G., 1981. Quelques aspects (anatomie et enzymologie) des relations nutritionnelles entre la fourmi Attine Acromyrmex octospinosus (Hymenoptera - Formicida) et son champignon symbiotique. Thèse de docteur-ingénieur, INSA Lyon. INRA Zoologie Guadeloupe, 196 pp.
Kermarrec A., 2001. Validation des qualités attacides de la pulpe de calebasse - Pré-acquis et proposition d'expertise en expérimentation. Note interne INRA, 2 pp.
Patin M., 2007. Analyse des facteurs de répartition spatiale des dommages causés par la fourmi-manioc Acromyrmex octospinosus sur les fougères arborescentes du genre Cyathea. Mémoire de Master 2 en Sciences et technologies Biodiversité tropicale, Université Antilles-Guyane,  41 pp.
CAB Abstracts.

17 mai 2008 6 17 /05 /mai /2008 08:54
Fidicina mannifera, adulte et exuvies. Cliché C. Pavis

... ayant chanté tout l'été (et l'hivernage, et le Carême...), ne se trouva guère dépourvue quand la bise cyclonique fut venue.

Vous l'avez constaté ? Je ne vous apprends rien.

Depuis quelques années, le paysage sonore a changé en Basse-Terre. Plus moyen de faire une sieste tranquille dans certains cantons, quand ce n'est pas le bus qui klaxonne, c'est la cigale qui vous vrille les oreilles.

J'ai décidé de réagir, car j'entends trop souvent un discours du genre 'Ah oui, c'est encore un coup de l'INRA, comme la fourmi-manioc. Ils travaillent dessus, alors ils en ont importé, et maintenant il y en a partout'. J'ai donc décidé, comme tout bon journaliste qui se respecte, d'aller vérifier l'information. J'ai sollicité Daniel Marival, technicien à l'INRA, pourvu de solides connaissances en entomologie (en plus d'une certaine dose d'humour, ce qui ne peut pas nuire par les temps qui courent).

La commande était simple : 'Dis-moi tout ce que tu sais sur cette fichue Cigale".
Et voilà le travail.

De la famille des Cicadidae, les cigales sont de lointaines cousines des punaises. Ces insectes sont présents dans les régions tropicales et subtropicales et jusque dans le sud de l’Europe. Elles sont reconnaissables à leur corps massif et à leur tête triangulaire avec des antennes très courtes prolongées par une longue trompe rectiligne logée au repos entre la base des pattes avant. Leurs quatre ailes sont transparentes, membraneuses et disposées en toit au-dessus du corps, mais ce sont généralement nos oreilles qui les reconnaissent en premier. Les adultes vivent sur les grosses branches des arbres, se confondant avec l’écorce. Pour attirer les femelles, les mâles chantent  des sérénades dont l'aspect mélodieux est tout relatif. Ces sons, variables selon les espèces et les circonstances, sont produits par une caisse de résonance constituée d’un double tambour formé de cymbales actionnées par des muscles. Les cigales ont inventé l’oreille débrayable : quand un mâle se tait, il écoute les autres [ce qui n'est pas donné à tout le monde, ndlr], mais quand il chante, il détend son tympan, ce qui lui permet de devenir sourd et de ne pas être gêné par ses propres émissions sonores. Concerts gratuits donc en certaines clairières ou endroits boisés de Petit-Bourg, Lamentin, Sainte-Rose ou Goyave... La chanteuse se nomme Fidicina mannifera. Les services d'immigration situent son arrivée entre 1985 et 1989 [d'après le brigadier-chef Jean Etienne, ndlr]. Elle est originaire du bassin amazonien, et est présente en Guyane.
Ce que vous ignoriez sans doute (malgré tout le respect que je vous dois), c'est qu'une autre espèce est présente en Guadeloupe. Plus petite et plus discrète, endémique aux petites Antilles, elle répond au doux nom de genre de Proarna.

 


Proarna sp. Cliché C. Pavis

Après la rencontre des sexes, la femelle insère ses œufs dans les écorces ou les rameaux des arbres. Quelques temps après, une larvule sort de l’œuf, se laisse tomber à terre et disparaît en s’enfonçant dans le sol, grâce à ses pattes avant transformées en pelle et en pioche. Cette larve y vivra de deux à cinq ans ou plus selon l’espèce, en suçant la sève des racines. Après quatre ou cinq mues, elle gagne la surface, se fixe sur un support et commence sa transformation. La peau se fend, la tête et les pattes sortent, puis les ailes, puis émerge l’adulte, l’ancienne dépouille restant accrochée à son support.

Il est probable que c’est à l’état larvaire, comme passager clandestin dans du terreau ou un pot de fleur que les cigales Fidicina sont arrivées en Guadeloupe. On ne signale pas pour le moment de dégâts aux végétaux liés à cette espèce. Pipirits et Gli-glis sont capables d'en capturer en vol.


Merci Daniel pour ces éclaircissements. Méthode de lutte respectueuse de l'environnement et du principe de précaution : la boule Quiès.   

5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 05:06
Samedi 3 mai, côte sous le vent de la Guadeloupe. Rencontre avec des Baleines à bec de Gervais (à confirmer, il semble que l'identification soit délicate entre différentes espèces de baleines à bec). De la veine pour la canaille.




Mesoplodon europaeus - Clichés P. Feldmann.

Quelques précisions trouvées sur le web . Il semble qu'on connaisse peu de chose sur cette espèce, qui vit probablement en petits groupes et en eaux profondes. Elle a été peu observée, même dans des zones très étudiées. Qu'en disent nos collègues d'Evasion tropicale ?
30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 15:38
 
Dermochelys coriacea - Illustration de T. Guthmuller

Pour le prochain concert en luth majeur organisé à Marie-Galante.

Un peu de sérieux, il s'agit en fait de places pour la session de formation 'Tortues marines', organisée prochainement à Marie-Galante par les animateurs du réseau Tortues marines de Guadeloupe.

Au programme :
- quelques rafraîchissements théoriques pour reconnaître les différentes espèces que vous seriez amenés à rencontrer, et pour utiliser le matériel de baguage et les fiches de terrain (environ 2 heures).
- et du pratique : patrouilles nocturnes, à raison de 2 nuits sur la plage de Trois-Ilets, pendant lesquelles vous apprendrez à repérer une tortue en ponte, à l'approcher sans risque (pour elle), à lui passer la bague au doigt (et non pas à l'oeil), et à remplir les fiches de terrain.
- enfin, un module assuré par la DIREN qui vous permettra d'obtenir une autorisation administrative de toucher une tortue (n'oublions pas qu'il s'agit d'espèces protégées, comme moi d'ailleurs) : éléments sur la réglementation (code de l'environnement) et sur les aspects juridiques de la protection de la faune sauvage. Pas plus de 2 heures tout de même.

Cette formation s'adresse à toute personne désireuse de s'impliquer peu ou prou dans le suivi des tortues, dans le cadre du réseau. Différentes sessions de 2 jours chacune sont organisées du 4 au 11 juin, puis du 23 au 29 juillet.

N'attendez donc plus une minute, contactez Miss Turttle en cliquant ici.


25 avril 2008 5 25 /04 /avril /2008 07:31
Devinette : qui pousse ce cri fort (cra cra cra etc...) au détour de certaines rivières de Guadeloupe, de Dominique mais malheureusement plus de Martinique ?

Megaceryle torquatus stictipennis - Cliché P. Feldmann


C'est lui, l'infâme Cra cra, autrement nommé Martin-pêcheur à ventre roux (le Martin-pêcheur sédentaire selon le père Pinchon). A ne pas confondre avec le Martin-pêcheur migrateur, qui fréquente les zones littorales, voire les embouchures de rivières, et qui est beaucoup plus répandu.

An tan pas si lontan que ça (dans les années 70-80), le Cra cra était observé assez couramment sur les rivières de la Basse-Terre en Guadeloupe, depuis le bord de mer jusqu'à plusieurs centaines de mètres d'altitude. Sur le Grand Etang, dans la zone centrale du Parc National, ce martin-pêcheur pouvait être observé quasiment à chaque visite. Petit à petit, l'oiseau fit moins souvent son nid, et depuis 5 ans, il semble qu'il n'ait plus été revu sur ce site par les gardes du Parc ou par d'autres ornithologistes.

Ca ne vous inquiète pas ? Une sous-espèce endémique des Petites Antilles, pour qui l'application au niveau régional des critères de la liste rouge de l'UICN faite par AEVA aboutit au classement 'en danger critique d'extinction' en Guadeloupe. Qui plus est un très bel oiseau, probablement le plus grand martin-pêcheur du monde : curieusement, il se différencie nettement au niveau morphologique de la sous-espèce nominale, largement répandue dans les Amériques (plus grand, queue plus longue, bec plus fort, angle d'attaque de l'aile bordé de blanc,...). A se demander si ce n'est pas une espèce à part entière (fantasmons un peu).

Ca serait tout de même dommage qu'une telle espèce soit la première à disparaître de Guadeloupe, depuis le Rossignol (Troglodyte de Guadeloupe).

Nos envoyés spéciaux ont réussi (nul n'est à l'abri d'un coup de chance), à localiser en 2007 et 2008 des individus nicheurs, sur un des affluents de la Grande Rivière à Goyave. C'est curieux, il s'agit de la rivière la moins polluée par le chlordécone, alors que la Grande rivière de Capesterre qui est quant à elle très polluée (ainsi que les vertébrés et invertébrés qui la peuplent, et qui sont largement consommés par les martins-pêcheurs), semble ne plus héberger les Cra cras. De là à dire qu'il y a une relation de cause à effet, il y a un pas que je ne franchirai pas. Mais quand même...

Bref, tout ça pour dire qu'il est urgent d'agir, pour savoir de quoi il retourne. Quelle est la répartition actuelle du Cra cra ? Quelles sont ses exigences écologiques ? Y a-t-il des corrélations entre sa répartition et des facteurs tels que relief, pratiques agricoles, zones d'épandage du chlordécone ? Qu'en est-il des populations de Dominique, pour lesquelles il n'y a pas non plus de données dans la littérature ?

Si cette première étude peut être menée rapidement, nous aurons des éléments de réponse pour éventuellement fournir des propositions de gestion. Et qui sait, monter un projet plus ambitieux, intégrant des questions de génétique, de toxicologie...

Nous organiserons prochainement une sortie (à effectifs réduits), pour observer un couple nicheur du côté de la forêt de Jules.
18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 10:58
Piloris ou Rat musqué de la Martinique, éteint.
Lithographie de Langlumé dans Geoffroy Saint-Hilaire & Cuvier (1824).


 
Réunion mensuelle
Elle se tiendra le vendredi 25 avril à 18h à l'UAG, avec un exposé d'Olivier Lorvelec, intitulé 'Les Mammifères terrestres de la Guadeloupe et de la Martinique. Ca sera l'occasion d'échanger nos idées sur le cas particulier du Rakoun dont nous vous avons rebattu les oreilles récemment (voir ).

A propos, aviez-vous remarqué une nouvelle rubrique dans les pages fixes ? Oui, en haut à droite : Diaporamas. Au fur et à mesure, nous y joindrons les exposés des réunions mensuelles si leurs auteurs nous y autorisent.

Sortie
Cette fois-ci, c'est 'La tête et les bras' puisque nous arpenterons en kayaks le lagon de Goyave. J'espère trouver un mouchard dans le groupe pour vous raconter ça par la suite.
16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 05:30



Mais de quoi s'agit-il ? Je me gratte la tête, je prononce tout haut, et oui, je finis par comprendre qu'il s'agit d'une chauve-souris et d'un poisson, personnifiés pour la bonne cause de l'éducation à l'environnement.
Ma déontologie d'oiseau des bois m'interdit de faire de la publicité, mais là, je ne peux m'empêcher de signaler une initiative sympathique de l'association Grenn Sab. 
Ces personnages sont les héros de deux albums d'activités conçus pour les petites têtes multicolores du primaire. Mon inspiration étant au niveau triple zéro ces jours-ci, je reprends simplement les termes de la 4ème de couverture pour vous présenter ces productions :

'Avec ses deux personnages Capitaine Grantékay et Manzèl Genbo, représentants des milieux aquatiques, terrestres et aériens, Grenn Sab s'adresse aux enfants de l'école primaire. Activités ludiques mêlant réflexion, écriture et arts plastiques délivreront leur messages essentiels pour la construction des adultes qu'ils seront demain.'

Acerola* sur le gâteau, les deux fascicules sont gratuits, Il faut tout de même aller les chercher au local de l'association, que vous pouvez contacter en cliquant . Avis donc aux profs et parents d'élèves, il y en aura pour tout le monde.


* Cerise des Antilles

13 mars 2008 4 13 /03 /mars /2008 05:40
Dendrocygne-des-antilles.jpg
 Photo tirée du site http://www.pbase.com/pbannon/cuba

Nos collègues de l'association AMAZONA nous signalent qu'ils ont vu (de leur yeux vu) un Dendrocygne des Antilles (Dendrocygna arborea, canard siffleur) nicher à Petite Terre. Tous les détails de cette affaire sur le site www.amazona-guadeloupe.com

J'en profite pour vous dire que nous allons faire une petite pause dans le blog, pendant 2-3 semaines. Voyez-vous, nous autres les Pics entrons dans la saison de reproduction, et j'ai été affecté au bureau des réclamations du service 'permis de construire les cavités de nidification'. Du pain sur la planche en perspective...
12 mars 2008 3 12 /03 /mars /2008 04:10
Racoon-Guadeloupe-copie-1.jpg
Illustration Tanguy Devielle - Bras-David en juillet 2001

Rakoun, rina, raton laveur, Procyon minor, Procyon lotor...

Autant de mots pour désigner un Mammifère présent en Guadeloupe, et qui est intéressant à plus d'un titre. Pour écrire les 15 premiers centimètres de cet article, je me suis largement inspiré des écrits de Lorvelec et al. (2007). Pour les 15 derniers, j'ai essayé de me servir de ma cervelle d'oiseau.

Jusqu'il y a quelques années, le rakoun était considéré comme une espèce endémique de la Guadeloupe (décrite par Miller en 1911 sous le nom de Procyon minor). Il avait été à ce titre placé dans la liste des espèces protégées par arrêté ministériel du17 février 1989. Louable intention. Le Parc National de la Guadeloupe en avait d'ailleurs fait son emblème, et la Poste a édité un timbre à son effigie. D'une façon générale, ce carnivore jouit d'un fort capital de sympathie, à cause de son aspect de gros nounours. Il était également très apprécié des chasseurs, pour d'autres raisons que nous aurons la pudeur de ne pas développer ici.

Dans son rapport n° 14 en 1996, AEVA émettait de sérieux doutes sur l'indigénicité (ça se dit ?) du rakoun, et proposait des hypothèses sur son origine en suggérant une analyse génétique pour positionner la population de Guadeloupe par rapport aux populations continentales. Et voilà que Pons et ses collaborateurs en 1999, puis Helgen et Wilson en 2003, ont montré grâce à des analyses génétiques et morphologiques que l'endémisme de notre nounours est très peu probable. La distance génétique entre les ratons laveurs de Guadeloupe et ceux de la côte est des Etats-Unis est quatre fois plus faible que celle trouvée entre ces derniers et ceux de la côte ouest des Etats-Unis, pourtant de la même espèce. Notre rakoun appartient donc très probablement à l'espèce Procyon lotor, largement distribuée en Amérique du Nord et en Amérique Centrale, et introduite en diverses régions d'Eurasie. Et il aurait été introduit en Guadeloupe depuis les régions côtières du sud-est des Etats-Unis. Il eût quand même été intelligent d'écouter les anciens avant de s'emballer. Dès 1911, Allen évoquait la possibilité d'une introduction. Malgré l'absence de témoignages archéologiques ou textuels, il faudra attendre les années 1970 pour que l'hypothèse de l'introduction soit à nouveau envisagée, et étayée par Lazell. Mieux encore, plusieurs publications guadeloupéennes du 19ème siècle ont indiqué avec certitude une introduction, qu'elles situent entre 1820 et 1840. Et ce n'est pas pour cafeter, mais nos recherches bibliographiques indiquent que Félix-Louis L'Herminier (en personne) a peut-être été l'auteur de cette introduction, à partir d'animaux provenant de la Caroline du Sud, en 1819. Heureusement, il n'est plus là pour nous intenter un procès en diffamation... 

Actuellement, l'espèce est présente en Basse-Terre, Grande-Terre, à Marie-Galante, à la Désirade, à Saint-Martin et à la Martinique.

Ciel ! De cet imbroglio il ressort que notre rakoun passe du statut d'espèce endémique à celui d'espèce introduite ! 
Bien. Tout cela nourrit le débat. D'autant plus qu'entre-temps, d'aucuns ont laissé entendre que depuis qu'il était protégé, le rakoun avait proliféré. Et qu'il était en train de devenir une sorte de nuisible comme on dit dans les terriers mal fréquentés. Mais oui, ces animaux peuvent manger des fruits, de la canne à sucre, des légumes, ou des poulets.  

Restent quelques questions ouvertes :

- quelle est l'importance quantitative de la population de rakouns en Guadeloupe, et quels milieux fréquente-t-il ?
- quel est son impact sur les milieux naturels ? 
- peut-on considérer le rakoun comme une espèce pouvant exercer une menace sur les écosystèmes forestiers peu ou pas anthropisés ? (à vue de bec, certains esprits éclairés pensent que oui)
- quel est son impact sur l'agriculture ?
- quelle conduite faut-il tenir sur son inscription sur la liste des espèces protégées ?
- si le rakoun n'était plus une espèce protégée, et s'il était admis qu'elle constitue une menace sur certains milieux, faudrait-il envisager des mesures de gestion et si oui lesquelles ?
- qui a cassé le vase de Soissons ?

Pour débattre ensemble sur la problématique des mammifères introduits, je vous invite à participer à notre réunion du mois d'avril. Si le grand manitou le veut, nous serons en mesure d'accueillir Olivier Lorvelec pour un exposé sur ce sujet.

PS : si vous saviez le nombre de mails qu'a suscité cet article au sein du bureau, vous n'en reviendriez pas. Le moins qu'on puisse dire, c'est que nous disposons d'un potentiel de réactivité certain.

Dernière minute (25/04/08) : Louis Redaud de la DIREN vient de nous transmettre une publication toute récente de Helgen (2008), indiquant sans ambiguité l'appartenance du Rakoun à l'espèce P. lotor, et pointant les risques que cette espèce peut faire courir aux milieux naturels par son caractère envahissant. Les tortues marines et les iguanes sont même cités comme cibles potentielles du Rakoun dans la Caraïbe...

Références
Allen G.M., 1911. Mammals of the West Indies. Bull. Mus. Comp. Zool., 54 : 175-263.
Helgen K.M., Maldonando J.E., Wilson D.E. & Buckner S.D., 2008. Molecular confirmation of the origins and invasive status of West Indian raccoons. J. Mammal., 89: 282-291.
Helgen K.M. & Wilson D.E., 2003. Taxonomic status and conservation relevance of the racoons (Procyon spp.) of the West Indies. J. Zool. London, 259 : 69-76.
Lazell J.-D. Jr., 1972. Racoon relatives. Man and Nature (Massachussetts Audubon Society, Lincoln MA), September 1972 : 11-15.
Lazell J.-D. Jr., 1981. Field and taxonomic studies of tropical American raccoons. National Geographic Soc. Reports, 13 : 381-385.
Lorvelec O., Pascal M., Delloue X. & Chapuis J.-L., 2007. Les mammifères terrestres non volants des Antilles françaises et l'introduction récente d'un écureuil. Revue d'Ecologie (La Terre et la Vie), 62 : 295-314.
Miller G.S. Jr., 1911. Description of two nex racoons. Proc. Biol. Soc. Washington, 24 : 3-6.
Pons J.-M., Volobouev V., Ducroz J.-F., Tillier A. & Reudet D., 1999.
 Is the Guadeloupean racoon (Procyon minor) really and endemic species ? New insights from molecular and chromosomal analyses. J. zool. Syst. Evol. Res., 37 : 101-108.
10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 07:00
BB-Imbriqu-e--Bouillante-19-juillet-2001-lgt.jpg
Illustration Tanguy Deville - Jeunes Tortues imbriquées nées à Bouillante en 2001

Pour ceux qui ne connaitraient pas l'existence du réseau Tortues marines de Guadeloupe, rendez-vous sur leur site (je dois dire que je suis presque jaloux, c'est du travail de pro sur la forme et le fond) : http//www.tortuesmarinesguadeloupe.org/

Au niveau d'AEVA, nous intervenons comme tête de réseau en Sud Grande-Terre, et coordonnons une grande partie des activités de terrain et de sensibilisation dans ce secteur. Quand je dis 'nous', il s'agit en réalité de Laurent Malglaive, que vous pouvez contacter en cliquant si  vous voulez en savoir plus sur la façon de contribuer à la protection des Tortues marines (chacun ses goûts, je ne vois pas ce qu'on trouve à ces vertébrés à sang froid).

7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 07:00

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Illustration Jean Chevallier - Mâle croqué à Petite Terre en 1999

Si tout se passe bien dans les sphères du financement, nous devrions nous remettre sérieusement à dénombrer les iguanes à Petite Terre dès le carême 2009. Iguana delicatissima, est une espèce endémique des Petites Antilles, et l’effectif de la population de Petite Terre représente une part importante de l’effectif mondial de l’espèce. Le statut de protection réglementaire offert par la Réserve Naturelle est un atout pour sa conservation. Il est important que le gestionnaire de cet espace naturel soit en mesure de connaître l’état et l’évolution de la population d’iguanes au cours du temps. 

Nous avons procédé a des estimations des densités de sa population à Petite Terre depuis 1995, et avons pour cela adapté des méthodes de dénombrement classiques en écologie. Nous avons ainsi montré que l’effectif d’iguanes a pu varier entre 3000 et 12 000 individus entre 1995 et 2006, et que ces variations sont corrélées à des évènements climatiques, tels que cyclone majeur ou sécheresse extrême. Depuis 2004, un climat plus humide que par le passé s'est accompagné d’une augmentation significative de la hauteur de la végétation dans certains milieux. Le fourré arboré, en particulier, a vu sa physionomie évoluer de façon importante. Les conditions de visibilité des iguanes sont devenues médiocres ou mauvaises sur environ les trois-quarts des 2 100 m du transect initial, et les dénombrements de 2005 et 2006 n’ont pas été validés. De ce fait, les suivis n’ont pas été réalisés en 2007, mais nous avons fait un état des lieux précis du sentier, et disposons des éléments pour réaliser les dénombrements dans de bonnes conditions, en utilisant une partie du fourré arboré de Terre de Bas et d’autres milieux de Terre de Bas et de Terre de Haut.

Au programme, il y aura deux sorties annuelles de 2 à 3 jours, qui nous donneront l'occasion d'emmener quelques Aévistes sur le terrain (évidemment triés sur le volet, leur capacité à offrir des chocolats aux membres du bureau étant un des critères déterminants).

5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 07:00

Thuidium tomentosum Schimp. Ex Besch. Cliché E. Lavocat

Les Bryophytes (mousses, hépatiques, anthocérotes) représenteraient près de 20% de la fore autochtone des Antilles françaises. Il s'agit toutefois du groupe floristique le moins connu. Notre association, en partenariat avec l'ONF et la DIREN Guadeloupe et Martinique, s'engage dans une étude de ces plantes. Elisabeth Lavocat, membre d'AEVA et qui étudie les bryophytes tropicales depuis 18 ans réalisera cette étude, dont les objectifs principaux sont les suivants :

Etablir une liste actualisée des espèces présentes à la Guadeloupe et à la Martinique.
Préciser leur écologie et leur biogéographie.
3 mars 2008 1 03 /03 /mars /2008 14:12
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Signalé par Jacques Fournet, un site intéressant sur la flore des petites Antilles.
http://ecflora.cavehill.uwi.edu/index.html

Il s'agit d'une base de données web, interrogeable sur la taxonomie, les noms vernaculaires, les habitats, la morphologie, la distribution et le statut d'endémisme. Chaque espèce est accompagnée d'une photographie. Ce projet de base de données a été initié par Sean Carrington, qui est professeur à l'Université des West Indies de la Barbade. Les données reposent principalement sur la flore des petites Antilles (en 6 volumes !) d'Howard.




 

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